Canalblog
Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Publicité
CHICHINPUIPUI
Archives
20 novembre 2011

nouvelle recette

De retour du jardin du Luxembourg, mes pas me conduisent devant l'assiette qu'un jeune chef est en train de photographier dans la rue. Je m’approche pour regarder le contenu et il m’en explique simplement la composition. Coquilles saint-Jacques avec purée de carotte et beurre de carotte, le tout dans une harmonie d'automne jaune et orange. Avant de retourner, satisfait, dans sa cuisine, il me laisse goûter du bout du doigt la purée, qui, même froide, reste délicieuse et dit : une nouvelle recette verra le jour.

bout du doigt
la recette
en avant-première

* aucune publicité ne sera faite sur le restaurant !

Publicité
20 juin 2012

Une âme qui joue, de Shizue Ogawa (2)

LE MOUTON

 

Nous étions tous accroupis regardant

un mouton immobile en train d’être tondu

les grandes cisailles par moments blessaient sa peau

« je lui passerai de la pommade » dit grand-père

sur la blessure il appliqua un baume rouge

 

grand-mère nous annonça

« ce seront vos chaussettes »

bientôt

les fibres grossières devinrent

pelote brillante et rebondie

 

elle nous tricota des chaussettes

des chandails aussi

par-ci par-là des brins de paille y étaient mêlés

nous interrompions nos jeux

pour ôter la paille de nos chaussettes

 

grand-mère en retirait aussi de notre dos

« la laine n’est pas peignée il en reste encore »

cela ne nous grattait pas mais nous allions trouver grand-mère

elle nous caressait le dos et nous courions dans la neige

les moutons qu’elle caressait aussi couraient avec nous

 

poème extrait de La terre – Une âme qui joue (VI)

21 février 2007

Murô Saisei (1889-1962)

雪降ると
いいしばかりの
人静

yuki furu to / iishi bakari no / hito shizuka

il neige ! Vient-on de dire dans le silence

Deux personnes assises tranquillement l'une en face de l'autre dans une pièce dont les portes à glissière sont hermétiquement closes. On ne voit pas la neige tomber. Les sens en éveil, un des deux personnages perçoit intuitivement le monde qui se trouve de l'autre côté des shôji, et replonge dans le silence après avoir seulement laissé échapper son exclamation. Le monde des sentiments qui emplissait la pièce en devient encore plus intense. La personne qui vient de parler ne peut être qu'une femme !

Poèmes de tous les jours - Anthologie proposée et commentée par Ôoka Makoto, trad. par Yves-Marie Allioux (Ed. Picquier, 1995).

11 février 2009

Possibles futurs, de Guillevic

Le soir

Dire
Quand commence le soir -

Le passage du soir
À la nuit
est plus marqué,

Le soir
S'aperçoit surtout
À sa disparition

*

Essaie de voir

Naître le moment
où se fait le passage.

Pour cela
les oiseaux t'aideront
Car eux, ils savent.

*

Les canards
regagneront la terre.

Révélateur précoce :
Le coucher de la basse-cour.

La chauve-souris
N'interviendra

Que lorsque le soir
sera installé,

Alors, le hibou sentira
Qu'il entre dans son règne

Et que va s'ouvrir
Ce qui l'entoure

*

Le plus étonnant
C'est la lumière

Elle s'éteint
et n'en souffre pas

La roche en veut
Au soleil qui la travaille.

Elle va pouvoir enfin
Se fermer davantage sur elle

*

Le soir
Paraît éprouver
De la tendresse
Pour les frondaisons

Les feuilles commencent
À se reposer.
Elles s'alourdissent,
Pensent à elles-mêmes.

*

...

De son enveloppement
Le soir
n'exclut personne.

Il ferait plutôt
se retrouver certains.

...

(Poésie/Gallimard, 2007).

8 juin 2011

8 juin : saint Médard

Depuis ce matin, saint-Médard sonne à mon oreille comme une chanson des frères Jacques, inspirée sans doute du dicton s'il pleut à la saint-Médard, il pleut quarante jours plus tard :

à la saint-Médard mon Dieu qu'il a plu...
à la saint-Médard mon Dieu qu'on s'est plu...

est-il sain
ce Médard
des frères Jacques
pourtant j'en conclus que
pleuvoir rime avec plaire
surtout à la terre

© nekojita

Publicité
20 décembre 2012

Sortie de bureau

Sortie de bureau. Il fait un bout de chemin avec moi. Nous traversons la rue, puis la cour carrée. Il se présente, Moklar, je me présente, neko, il enlève son gant pour me tendre la main, mes mains sont occupées par deux grands sacs, je lui fais signe que je ne peux lui serrer la pince. Il remet son gant. Le technicien d’entretien du Louvre a fini de se coltiner les feuilles d’automne, quel travail ! Enfin, il va pouvoir revenir à l’intérieur du bâtiment pour l’hiver. Il m’accompagne et me propose de prolonger notre entretien, c’est sa spécialité, pour faire plus ample connaissance, mais je rentre chez moi où je suis attendue. Il semble déçu, mais me souhaite néanmoins poliment "bonne soirée" et poursuit sa route.

 

sorti de l’ombre

le chemin des travailleurs

croisement

10 décembre 2016

machine à laver

secouée dans le tambour
roulée d'un bord à l'autre
le corps entier se meut
derniers sursauts
sans esprit de retour
corps en transe
dans l'oubli du jeu
le tambour l'enveloppe
elle ne fait plus qu'un avec
le son de ses coups
percute ses sens
envahit ses cellules
réveillant des mémoires
ancestrales matricielles
le rythme s'accélère
puis se calme
la chair éprouve
le début du monde
l'ouverture au nouveau
elle accouche
d'elle-même
donne vie
à sa propre chair
re-naissance

24 janvier 2007

Ishikawa Takuboku (1886-1912) - L'amour de moi

Les textes ci-dessous sont extraits de 一握の砂 Ichiaku no suna (Une poignée de sable), son premier grand recueil, dont 我を愛する歌 Ware o aisuru uta (L’amour de moi) est la première partie, kemuri (fumées) la deuxièmeet 忘れ難き人々 Wasuregataki hitobito (ceux que l’on oublie difficilement), la quatrième (éditions Arfuyen).

 

Fidèle au tanka, Takuboku a inventé une sorte de « journal du mental » où il note, toutes ses perceptions et pensées les plus ténues. Toute son œuvre, marquée par ce mélange de provocation et d’autodérision, le fait considérer comme un grand poète chez les Japonais. Mort à 26 ans de la tuberculose.

 

 

我を愛する歌 Ware o aisuru uta

 

Il m’a tendu une poignée de sable
les joues baignées de larmes
je ne l’oublierai pas

 

*

 

sous mes doigts qui creusaient
le sable de la dune
la rouille d’un pistolet

 

*

 

un morceau de bois échoué au pied de la dune
un coup d’œil alentour
j’essaie de lui dire quelques mots

 

*

 

tristesse de ce sable sans vie
à peine on desserre les doigts
et il s’écoule

 

*

 

doucement
les grains de sable recueillent mes larmes
si lourdes

 

*

 

une centaine de fois sur le sable
j’ai écrit le mot grand
j’ai renoncé à mourir et m’en suis retourné

 

*

 

d’un peu de terre et de salive
j’ai formé le visage de ma mère en pleurs
oh, cette tristesse

 

*

 

j’étais dans la pièce obscure
sur le mur les silhouettes
de mon père et de ma mère une canne à la main

 

24 janvier 2007

Ishikawa Takuboku (1886-1912) - Ceux que l'on oublie difficilement

 

Les textes ci-dessous sont extraits de 一握の砂 Ichiaku no suna (Une poignée de sable), son premier grand recueil, dont 忘れ難き人々 Wasuregataki hitobito (ceux que l’on oublie difficilement) est la quatrième partie(éditions Arfuyen). Beaucoup de nostalgie...

 

忘れ難き人々 Wasuregataki hitobito

 

J'ai compté les années d'espérance
et je fixe mes doigts
je suis fatigué du voyage

 

*
Une enseignante

sur les lunettes un reflet
si triste

 

*
Matin après matin mon réveil

joue une ritournelle chinoise que j'aime bien
quelle pitié

 

*
Tellement amaigri

ton corps ne semble plus
qu'un bloc de révolte

 

*
La glace scintillante

un pluvier chante
- lune d'hiver sur la mer de Kushito

 

*
Au-dessus du feu
une bouteille d'encre gelée

des larmes coulent sur al braise

 

*
Le rire d'une femme

tout à coup me transperça
une nuit de saké froid dans la cuisine

 

*

Triste
l'empreinte de ce baiser
joyau blanc sur le bras

 

*
Dans la baie sans vagues en février

peint de blanc
un navire étranger s'avançait doucement

 

*
Dans un vieux carnet rouge

restent écrits
le lieu et l'heure de notre rencontre

 

*
Une pensée

semblable au sentiment
de socquettes sales qu'on remet

 

*
Cette femme qui pleurait dans ma chambre
était-elle souvenir d'un roman

ou de l'un de mes jours

 

*
Ces sombres prunelles

qui du monde ne buvaient que clarté
je les revois encore

 

*
Ces paroles précieuses

que je n'ai jamais dites
restent dans ma poitrine

 

*
Dans la rue une silhouette qui te ressemblait

et mon coeur s'est réjoui
Quelle tristesse à cette pensée

 

*
Une fois encore si j'entendais cette voix

totalement alors
ma poitrine s'allégerait

 

*
Parfois je pense à toi

tristesse de ce paisible coeur
qui soudain s'agite

 

*
Les années se sont amassées

depuis notre séparation
Combien tu m'es devenue chère

24 janvier 2007

Ishikawa Takuboku (1886-1912) - Fumées

Les textes ci-dessous sont extraits de 一握の砂Ichiaku no suna (Une poignée de sable), son premier grand recueil, dont kemuri (fumées) est la deuxième partie (éditions Arfuyen).

 

kemuri

 

Comme une douleur
revient un jour le souvenir du pays
tristes les fumées qui montent dans le ciel

 

*
La fumée s'élève dans l'azur
tristemetn s'éloigne
si semblable à moi

 

*
Joie, l'eau ruisselle de la pompe
un bref instant
je vois l'élan de ma jeunesse

 

*
Si tristesse
est la saveur des choses
je l'ai trop tôt goûtée

 

*
Quand tombaient les fleurs
j'étais le premier à sortir
vêtu de blanc

 

*
Ces livres qu'alors nous aimions tant
pour la plupart
ont cessé d'être lus

 

*

Comme une pierre
dévale la pente
je suis arrivé à ce jour-ci

 

*
Les yeux de l'enfant mélancolique
étaient pleins d'envie
pour le vol et le chant de l'oiseau

 

*
Il venait à ma rencontre
se frayant un chemin à travers la foule
avec son bon vieux bâton

 

*
Dès le réveil la tristesse
- mon sommeil
n'est plus paisible comme autrefois

 

*

 

Les rêves de ma femme
n'étaient autrefois que de musique
aujourd'hui elle ne chante plus

 

*

Comme cerf-volant au fil coupé
l'allégresse de mes jeunes années
s'en est allée au vent

 

*
La balle
que j'avais lancée sur el toit de l'école
qu'est-elle devenue

 

*

 

Cette pierre
au bord du chemin de mon pays
cette année encore l'herbe a dû la recouvrir

 

*
La petie musique du marchand ambulant
comme si je pouvais recueillir
ma jeunesse perdue

 

*
La douleur de quitter le pays
comme chassé à coups de pierres
jamais ne s'effacera

 

*
Le vert tendre des saules
en amont de la rivière
je le vois comme à travers des larmes

 

*
L'ample veste à fleurs rouges
je la revois encore
l'amour de mes six ans

 

*
La pluie tombe sur la ville
je me souviens des gouttes
sur les fleurs violettes des pommes de terre

 

*
Je n'ai pas oublié
dans le jardin sous la lune pâle
les blanches azalées cueillies

 

*
Je me suis tourné vers la montagne
sans un mot
les montagnes du pays sont admirables

 

16 février 2007

Sôma Senshi (?-1976)

答礼の
微塵となりて
さらんとす

 
tôrei no/ mijin to narite/ saran to su

fine poussière
dans le soleil d'hiver
tel je voudrais partir

Un jour d'hiver serein et limpide, la poussière se répandant dans l'atmosphère s'est changée en lumière. Ce haïku est un haïku d'adieu, composé sur son lit de mort après l'ablation d'une tumeur cancéreuse à l'estomac.

Poèmes de tous les jours - Anthologie proposée et commentée par Ôoka Makoto, trad. par Yves-Marie Allioux (Ed. Picquier, 1995).

16 février 2007

Matsumoto Takashi (1906-1956)

とっぷりと
後ろ暮れいし
焚火哉

toppuri to / ushiro kure ishi / takibi kana

nuit noire soudain derrière ce feu dehors

Né dans une illustre famille d'acteurs nô, sa faible constitution l'empêcha de s'y consacrer et le nô restera toujours un rêve. Ses poèmes ont toujours quelque chose de grave et de contenu.

Poèmes de tous les jours - Anthologie proposée et commentée par Ôoka Makoto, trad. par Yves-Marie Allioux (Ed. Picquier, 1995).

16 février 2007

Tagami Kikusha (1753-1862)

月を傘
にきて遊ばばや
旅の空

tsuki o kasa / ni kite asobabaya / tabi no sora

avec pour seul chapeau la lune
je voudrais tant partir !
ciel du voyage

Kikusha venait de perdre son mari, à 28 ans, et projetait de partir pour un long voyage. Ce haïku sous-tend sa volonté de vivre.

Poèmes de tous les jours - Anthologie proposée et commentée par Ôoka Makoto, trad. par Yves-Marie Allioux (Ed. Picquier, 1995).

24 mars 2007

Sugita Hisajo (1890-1946)

Hisajo s'est appliqué, sa vie durant, à l'art de la calligraphie et du haiku. Innovatrice dans le monde du haïku, féministe avant l'heure, elle nous révèle sa coquetterie, voire sa sensualité dans le port du kimono. Malheureusement atteinte de démence vers la fin de sa vie, Hisajo est morte sans être acceptée dans le monde du haïku. Ses œuvres sont considérées comme étant l’une des sources du haïku contemporain.

Micheline Beaudry lui consacre un article, ainsi qu'aux autres femmes poètes japonaises dans la revue canadienne Arcade n°64, dont le thème est l'instant - automne 2005. Je la remercie de m'avoir fait connaître et la revue et les haijins féminines. On ne trouve que très peu de traductions françaises. Je me suis donc inspirée des traductions anglaises de World Haiku Review pour interpréter ces haïkus.

春の陽に
心踊りて
襟掛けぬ
haru no hi ni / kokoro odorite / eri kakenu

lumière de printemps-
mon cœur danse en mettant
le col de mon kimono

Mais le port du kimono n'est pas toujours un plaisir, lorsque la ceinture (obi) rigide devient une gêne.

板の如き
帯に刺されぬ
秋おぎ
ita no gotoki / obi ni sasarenu / aki ogi

enfoncé dans l'obi
trop serré et rigide
un éventail d'automne [trad. M. Beaudry]

*

花衣
脱ぐやまつはる
紐いろいろ
hanagoromo / nuguya matsuharu / himo iroiro

kimono fleuri-
en se déshabillant s’accrochent
les différents cordons

*

薄物に
衣通る月の
肌へかな
usumono ni / so tôru tsuki no / hadae kana

à travers le kimono léger
la lune effleure la peau nue

Gestes d'une femme se lavant les cheveux.

菊の日に
雫振り梳く
濡毛かな
kiku no hi ni / shizuku furi suku / nurege kana

jour des chrysanthèmes-
en peignant mes cheveux mouillés
une pluie de gouttes

Sa compassion s'adresse aussi bien aux êtres humains qu'aux fleurs.

秋宮に
髪むしり泣く
女哉
aki miya ni / kami mushiri naku / onna kana

temple en automne -
tirant violemment ses cheveux
une femme pleure

*

貧しき群れに
落ちし心や
百合にはず
mazushiki mureni / ochishi kokoro ya / yurini hazu

dans l'horrible foule
mon coeur s'est brisé
à la vue des lys innocents

Japonaise catholique ?

バイブルを
良む淋しさよ
花の雨
baiburu o / yomu sabishisa yo / hana no ame

lisant la bible
seule-
pluie de pétales

*

雪道や
降誕際の
窓明り
yuki michi ya / kôtansai no / mado akari

fenêtre éclairée
sur le sentier neigeux
fête de la nativité*

* plutôt que de traduire "soir de Noël", j'ai préféré la traduction littérale plus proche du sens.

Un peu de légèreté aussi dans ses désirs de femme.

秋木ぬと
サファイア色の
小鯵買う
aki kinu to / safaia iro no / koaji kau

l'automne est là-
j'achète
un petit poisson saphir

Hisajo mère :

朝寒の
釜たくわれに
起き来る子
asazamu no / kama taku ware ni / oki kuru ko

matin de froid-
tandis que j'allume le feu
l'enfant réveillé me rejoint

Adaptation française de neko.

13 novembre 2007

Tanka d'une jeune fille de 20 ans : MAYU (Bunboichi)

Mayu, née à Tôkyô en 1982,  diplômée de l'université de Waseda, section littérature. 1982年東京生まれ。早稲田大学第一文学部卒業.

Ses tanka reflètent les pensées et les préoccupations d'une jeune japonaise au 21e siècle (amour, mort, actualité, désir de vivre...), l'absence de la mère, ses amours, ses réflexions sur la vie en général.

Divagations sur la vie quotidienne

やらなくちゃいけないことはあるけれど
やらないことを[暇だね]と言う

yaranakucha ikenai kotowa aru keredo
yaranaikoto o [himadane] to iu

Il y a toujours beaucoup à faire
comme on ne le fait pas
On dit "j'ai du temps libre"

La nécessité du téléphone portable

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

傍にいて遠いと感じる君の顔
携帯に捧ぐ安い微笑み

soba ni ite tooi to kanjiru kimi no kao
keitai ni sasagu yasui hohoemi

tu es à côté de moi
ton visage semble lointain
tu souris négligemment vers ton portable

 

L'animal

 

 

 

自らの死を受け入れた道端の
猫は静寂をニャオと切り裂く

mizukara no shi o ukeireta michi bata no
neko wa shijima o niao to kirisaku

 

 

 

 

 

 

 

sur le bord de la route
un chat qui a accepté sa mort
miaou !
son cri perçant déchire le silence

 

 

 

La famille

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

あの女の記憶になろう私たち
父が確かに愛した母の

ano hito no kioku ni narou watashitachi
chichi ga tashikani aishita haha no

on va devenir le souvenir de cette femme
que notre père a véritablement aimé

 

Essai sur l'amour

 

あなたとの時間で広がるブラックホール
[別れる] だとか[退屈] だとか

 

 

anata to no jikande hiroigaru burakku horu
"wakareru" datoka "taikutsu" datoka

 

le temps passé avec toi
fait s'élargir le trou noir
"se séparer" ou "s'ennuyer"

*

 

 

 

 

 

 

君ん家に置きっぱなしの小説は
二人がヨリを戻す口実

kimin chi ni okippanashi no shôsetsuwa
futari ga yori o modosu kôjitsu

les romans que j'ai laissés chez toi
sont un prétexte pour nous réconcilier

Vivre

何時も一人涙で染めてた夕暮れは
今は遥かなノスタルジア

itsumo hitori namidade someteta yûkure wa
imawa harukana nostalagia

toujours seule,
les larmes me montaient aux yeux chaque soir
maintenant, c'est déjà une lointaine nostalgie

*

銃創に気づかず今も飛んでいる
すつかり体 穴ぼこだらけで

 

jyûsô ni kizukazu imamo tonde iru
sutsukari karada anabokodarakede

on ne se rend pas compte de ses blessures
le corps criblé de trous
on continue de voler

* [/1] Bunboichi [Dénominateur UN !] est traduit par Akiko Agui, Irène Bogdanovic (2007). ISBN978-4-434-10484-8

 

 

 

14 février 2008

Satori d'octobre, de Marcel Peltier

Marcel n’est plus à présenter dans le monde de la poésie et du haïku. Il écrit depuis si longtemps que son cheminement l’a amené vers le silence. Ses mots sont des espaces-temps dans lesquels le lecteur met sa vie et son expérience. Les images fortes de ses non-dits nous réunissent dans l’homme universel.

Paradoxe : des mots pour mieux ressentir le silence : le sien le nôtre.

La plupart de ses écrits sont édités chez Chloé des Lys.

Cet ouvrage, hommage à Kerouac, est divisé en trois fractions de temps : avant pendant après son séjour à la mer.

Sur la table de chevet

Alcools

-

Châteaux de sable

flux et reflux

-

En conclusion :

Le silence

vient petit à petit

une voie qu’il poursuit avec bonheur.

Beaucoup d’émotions contenues et une écriture à découvrir pour ceux qui ne le connaissent pas.

Bibliographie :

L’éphémère vérité, 2000 – L'arbre à paroles
La vie ordinaire, 2003 – Éditions Chloé de Lys
Le carré rouge, 2003 – Gril
50 épices sur la langue d’un chat noir, 2004 – Éditions Chloé de Lys 
Senryûs du silence, 2006 – Éditions Chloé de Lys

Satori d’octobre, 2007 – Éditions Chloé de Lys

Pièges à poésie, 2008 – Éditions Chloé de Lys

Vous pouvez le retrouver aussi sur Critiques libres.

2 mars 2008

OOKA Makoto : Chôfu VIII

Chôfu VIII

À une dame de ma connaissance
Bôfujin ni teisu

On peut bien haïr l'être qui l'a écrit
la lecture d'un bon poème réjouit toujours le cœur. 

C'est vraiment là, nulle part ailleurs
que réside le mystère de la poésie.

Mystère sans importance en fait
mais indéniable quoi qu'on en dise.

CITÉS DES EAUX (SUIFU, 1981)  水府

23 juillet 2008

Hokusai no shunga

Qui n'a vu l'exposition de Hokusai, au musée Guimet à Paris, n'a pas vu sa queue. Les amateurs ont rongé leur frein.

Hokusai
au cul saillant
une queue d'enfer

J'avoue avoir vu plus de choses sur le catalogue que dans les vitrines.

pénombre
le nez des visiteurs s'allonge
sur les vitrines

La peinture japonaise, autrefois, ignorait la perspective avec ses différents plans, d'où parfois une disproportion entre le premier, le deuxième et le troisième plan. Voici ce que m'ont inspirée les shunga (春画 images du printemps) ou estampes érotiques.

shunga
gros zizi et petit minou
sans perspective

27 juillet 2008

Nouveautés

  • Zen à pas comptés, de Taneda Santoka - édition bilingue français-japonais illustrée par Masayuki KAI, traduit pas Akie Boulard, comprend 74 haïku et les extraits de Journal de pratique de la mendacité (Éditions Arichi, 2008) .
    ISBN N°2-91 3590-17-9

  • Basho the complete haiku, traduit par Jane Reichhold, illustré par Shiro Tsujimura - édition Kodansha internatial 2008, bilingue anglais-japonais. Biographie, glossaire, chronologie, etc.
    ISBN978-4-7700-3063-4
21 août 2008

Santoka, Zen à pas comptés

Santoka (1883-1940), moine et poète, buveur occasionnel, pratique la mendicité et la simplicité. Ses haïkus résonnent de mots plusieurs fois répétés (boutons d'or, cerisier, pissenlit, coucou, riz, etc.), comme une incantation, il joue avec les sonorités et les oppositions. Quelque soit la situation, il prend plaisir à son environnement. 

 

あるけばきんぽうげ  すわればきんぽうげ
arukeba kinpôge  suwareba kinpôge

marcher sur les boutons d'or
m'asseoir sur les boutons d'or

-

 

さくらさくら さくさくら ちるさくら
sakura sakura saku sakura chiru sakura

cerisiers cerisiers
cerisiers en fleurs
cerisiers dispersés

-

  

ふまれてたんぽぽ ひらいてなんぽぽ
fumarete tanpopo hiraite tanpopo

écrasé le pissenlit
ouvert le pissenlit

- 

 

あるけばかつこう いそげばかつこう
arukeba katsukô isogeba katsukô

marcher au chant du coucou
me presser au chant du coucou

-

しみじみ食べる  飯ばかりの 飯である
shimijimi taberu meshi bakari no meshi de aru

je mange tranquillement du riz
un simple repas de riz

-

もりもりもりあがる 雲へ歩む
mori mori mori agaru  kumo e ayumu

je marche vers les nuages
qui montent montent lentement

-

ふくろうはふくろうで
わたしはわたしでねむれない
fukurô wa fukurô de
watashiwa watashide nemurenai

chouette et chouette
moi et moi insomniaque

-

安か安か 寒か寒か 雪雪
yasuka yasuka samuka samuka yuki yuki

tranquille et tranquille
froid et froid
neige et neige

* Libre interprétation de neko, la traduction est particulièrement difficile dans ce genre de cas.
Extraits de Santoka, Zen à pas comptés (Éditions Arichi, 2008).

22 août 2008

Santoka, Zen à pas comptés (2)

Santoka, dans son journal de la mendicité (1930) écrit :

« S’il y a une montagne, je regarde la montagne.   
s'il pleut, j’écoute la pluie.                        
Printemps, été, automne, hiver,                              
demain sera bon et                                                
hier soir était bon aussi ».                                    

山あれば山を観る    yama areba yama o miru
雨の日は雨を聴く    ame no hi wa ame o kiku    
春夏秋冬               haru natsu aki fuyu   
あしたもよろし         ashita mo yoroshi
ゆふべもよろし        yûbe mo yoroshi

Il écrit un peu plus tard.

« Je me sens solitaire le jour où je ne marche pas.
Je me sens solitaire le jour où je ne bois pas.
Je me sens solitaire le jour où je n'écris pas de poème.
Je ne me sens pas solitaire même si je marche seul,
même si je bois seul, même si j'écris seul un poème. »

 

歩かない日はさみしい、 arukanai hi wa samishii
飲まない日はさみしい、nomanai hi wa samishii
作らない日はさみしい、tsukaranai hi wa samishii
ひとりでいることはさみしいけれど  hitoride iru koto wa samishii keredo,
ひとりで歩き、ひとりで飲み、ひとりで作って hitoride aruki, hitoride nomi, hitoride tsukutte
いることはさみしくな iru koto wa samishikunai.

 

Ses haïkus sont de forme libre et orale, il utilise souvent le temps passé, contrairement aux classiques, qui, lorsqu'ils utilisent un verbe, l'écrivent au temps présent.
Concis, en peu de mots, il dit l'essentiel d'une manière narrative, une belle poésie minimaliste.

へうへうとして 水を味ふ
heu heu toshite mizu o ajiwau

tout en chancelant
je goûte l'eau

*

ぬれててふてふどこへゆく
nurete tefutefu doko e yuku

 

le papillon mouillé
où va-t-il ?

*

 

酔うてこほろぎと寝てゐたよ
youte jôrogi to nete itayo

saoul
j'ai dormi avec un grillon

*

かなかなないてひとりである
kanakana naite hitori de aru

quand la cigale chante
je me sens seul

*

 

つかれた脚へとんぼがとまった
tsukareta hashi e tonbo ga tomatta

sur ma jambe fatiguée
une libellule

*

鉄鉢の中へも霰
teppachi no naka e mo arare

même dans mon bol
il grêle

*

分け入れば水音
wakeireba mizu oto

j'avance plus loin
le bruit de l'eau

*

秋風の石を拾う
akikaze no ishi o hirou

vent d'automne
je ramasse une pierre

*

笠も漏りだしたか
kasa mo moridashitaka

même mon chapeau
commence à filtrer

*

私にあつては、生きるとは句作することである、句作即生活だ。 
watashi ni atte wa, ikiru to wa kusaku suru koto de aru, kusaku sunawachi seikatsu da.
Pour moi, vivre c'est composer des haïkus. Faire un haïku c'est également la vie.

vocabulaire spécifique
kasa = chapeau de paille du moine
teppachi = bol en fer du moine mendiant
kanakana = cri de la cigale.
jôrogi = grillon
tefutefu = papillon

Extraits de Santoka, Zen à pas comptés (Éditions Arichi, 2008).

1 octobre 2008

Pièges à poésie, de Marcel Peltier

Marcel Peltier, son recueil de poésie que j'ai reçu seulement hier, avec une présentation sur trois lignes, un texte par page, dont voici quelques extraits où gravité et humour se côtoient :

Eau limpide.

Une feuille morte
s'éloigne.

~

Bruit nocturne dans
le grenier.

Hypothèses.

~

Mes empreintes sur
le clavier

Je n'ai tué personne.

Pièges à poésie, Éditions Chloé des Lys (2008).

Pour mémoire, Satori d'octobre, sur chichinpuipui.

4 octobre 2008

Qui dira notre nuit, François Cheng

1

Apprends-nous     nuit
À toucher ton fond
À gagner
             le non-lieu
Où sel et gel
             échangent leurs songes
             où source et vent
refont un

 

 

 

2

Le terrible a lieu
Au cœur du sourd-muet
               de l'aveugle

Fiat lux

Le terrible a lieu
Au cœur de l'in-ouïe
               de l'in-vu

Fiat lux

Le terrible a lieu
Quand le pacte de feu
                est rompu

Fiat lux

 

3

Lueur subite
L'aile de l'effraie
Frôlant le feuillage
Fait tomber
La dernière goutte de pluie
Dans l'étang
             du vide éclaté

 

5

Fleur. Est-ce une fleur ?
Brume. Est-ce la brume ?
Arrivant à minuit
S'en allant à l'aube
Elle est là : rêve d'un printemps éphémère
Elle est partie : nuée du matin, nulle trace

 

Éditions Arfuyen 2001
ISBN 2-908825-99-6

4 octobre 2008

Le livre du vide médian, François Cheng

L'insu
L'invu
L'impensé

L'attendu
L'entendu
L'inespéré

~

L'infini n'est autre
Que le va-et-vient
Entre ce qui s'offre
Et ce qui se cherche
Va-et-vient sans fin
Entre arbre et oiseau

Entre source et nuage

~

Entre

Le nuage
           et l'éclair

Rien

Sinon
Le trait
          de l'oie sauvage

Sinon
Le passage
Du corps foudroyé
            au royaume des échos

Entre

~

La vague revient fidèle chienne
Lécher tes pieds de sa langue amère
Flairant soudain la peur millénaire
Longuement elle aboie dans tes veines

~

L'aube vient

Par la fente
           du rideau
Effleurer d'ici
           l'intérieur

Effleurer le somme
                et le songe
Détacher les figures
                des pénombres

Lente et muette
Par la fente
Se révèle soudain
             ange

Et toutes choses
Présences

~

 

Éditions Albin Michel 2004
ISBN 2-226-15087-0

26 octobre 2008

Et Trotte Coco, de Cuakor

Cuakor : « [...] Le monde regorge de formes poétiques : on y rencontre le haïku venu du Japon, le tebrae des femmes maures, le rubayat persan, le calligramme apatride, le punto des paysans cubains, le slam urbain, le formalisme parisien, les joutes oratoires malgaches, les chants de femmes pachtounes. Anciennes contemporaines, elles sont nombreuses.

Chaque genre est un ouvroir potentiel de poésie. Le Coup de Dés mallarméen par exemple. »

Des haïkus qui voyagent à Nouméa, dans les îles de Maré, d'Ouvéa, à Paris même, toujours proches jamais lointains. Un tour du monde qui nous enchante.

Petite araignée
Dans mon bureau sans âme -
Des liens se tissent

Celui de nulle part :

Le maître accroupi
Au bord du vieil étang
Pfloc ! le bruit de l'eau

digne du grand maître de haïku.

à Ambrym (archipel de Vanuatu) :

Sieste sur un banc
Attendre que le jour tombe
Ou des pamplemousses

Sur la route :

Je monte la côte
Un papillon descend
Salutation

Lune :

Discrète et secrète
Dans les feuillages du pin
Un grain de beauté

~

Route de montagne
Les virages dans la nuit
Petits clins de lune !

Je vous laisse le découvrir et le retrouver sur ettrottecoco.com et également sur cuakor.net.

Et Trotte Coco, poèmes de route - & What 2007 - ISBN 978-2-9530695-0-1

Publicité
<< < 1 2 3 4 5 6 7 8 9 10 20 30 40 50 60 70 80 90 100 > >>
CHICHINPUIPUI
Publicité
Visiteurs
Depuis la création 151 010
Newsletter
2 abonnés
Publicité