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CHICHINPUIPUI
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19 juin 2009

Kigo d'oiseaux de printemps

Parmi les kigo d'oiseaux, ceux du printemps relevé dans les recueils ou almanachs de poésie au Japon, semblent très imagés. Les plus courants :

haru no tori 春の鳥 (はるのとり) : oiseau de printemps.
ou shunkin 春禽(しゅんきん)

yobukodori 呼子鳥 (よぶこどり) : oiseau qui appelle (Yobukodori, nom d’une Geisha renommée du 18e siècle).

momochidori 百千鳥 (ももちどり) : mille petits oiseaux, toute sorte d'oiseaux.

hanadori 花鳥 (はなどり) : fleurs et oiseaux (association).

de [Matsuo Bashô]

蠕蝠も出ようき世花に鳥
kômori mo ideyo ukiyo no hana ni tori

même les chauve-souris
sortent vers ce monde
de fleurs et d'oiseaux

kaodori 貌鳥、顔鳥 (かおどり): oiseau de printemps, beaux oiseaux.
et kaoyodori 貌よ鳥(かおよどり, kaodori 容鳥(かおどり, hakodori 杲鳥, 箱鳥(はこどり)mentionnés dans les almanachs de l'époque Héian. Leur sens n'est pas clair, peut-être s'agit-il d'un coucou.

saezuri 囀 (さえずり) : chant d’oiseau, gazouillement, pépiement.
saezuru 囀る(さえずる): oiseau qui chante, pépie, etc.

de [Eien]

雲に波たてて囀る雲雀かな
kumo ni nami tatette saezuru hibari kana

elle produit des rides
sur le nuage, avec son gazouillis
l'alouette

tori no tsumagoi 鳥の妻恋(とりのつまごい): oiseau aimant sa femme.

tsuru no mai 鶴の舞(つるのまい): danse des grues.

oyadori 親鳥(おやどり): oiseau parent.
kodori 子鳥(こどり) : oisillon, bébé-oiseau.
suzume no ko 雀の子 (すずめのこ : bébé moineau.

Les différents oiseaux : uso 鷽 (うそ) : le bouvreuil, hoojiro 頬白 (ほおじろ : le bruant (japonais), kikuitataki 菊戴 (きくいただき) : le roitelet huppé et matsumushiri 松毟鳥(まつむしり), kawarahiwa 河原鶸 (かわらひわ) : le verdier (oriental).

hiki zuru 引鶴 (ひきづる) : la grue qui migre, hikigamo 引鴨 (ひきがも) : le canard migrateur, kamo kaeru 鴨帰る(かもかえる): le canard de retour. et yuku kamo 行く鴨(ゆくかも).

de [Hekigodô]

雲早き空になりけり鳥渉
kumo hayaki sora ni narikeri tori wataru

les nuages voguent rapides
dans le ciel que traversent
les oiseaux migrateurs

umineko 海猫 (うみねこ) : mouette à queue noire.
umineko wataru 海猫渡る (<うみねこわたる) : mouette migrante.

yamadori 山鳥 (やまどり) : faisan scintillant (traduction littérale : oiseau de montagne).

haru no mozu 春の鵙 (はるのもず) : pie-grièche au printemps.

tori sakaru 鳥交る (とりさか) : oiseaux s'accouplant.
tori tsurumu 鳥つるむ(とりつるむ)
tori tsugau 鳥つがう(とりつがう)

de [Takeda]

大きゅの庭の広さや鳥盛る
o kyu no niwa no hirosa ya tori sakaru

Qu'il est grand le terrain
Du palais du roi, très grand !
Des oiseaux s'accouplent..

suzume sakaru 雀交る(すずめさかる): moineau s’accouplant.

sugumi 巣組み(すぐみ) : construire un nid
su gomori 巣篭り(すごもり : oiseaux dans le nid
sugakure 巣隠れ (すがくれ) : cachés dans le nid
sudori 巣鳥 (すどり) : oiseau dans le nid
sudachidori 巣立ち鳥 (すだちどり) : oiseaux quittant le nid.
sudachi 巣立(すだち): quitter le nid.

de [Tsuzuki]

つばめつばめ泥が好きなる燕かな
tsubame tsubame doro ga suki naru tsubame kana

hirondelle, hirondelle
comme tu aimes employer la boue
pour ton nid d'hirondelle

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29 novembre 2007

我 WARE-WA- MOI JE MON

Pourquoi dit-on que, dans le haïku, il ne faut pas employer la première personne "je" ou "moi" ? Les haïjins expriment leur ressenti.

AWANO

かん烏
に聞かせし
似非人語

kangarasu
ware ni kikaseshi
ese jingo

un corbeau dans la bise
m'a raconté
des balivernes

BASHO

涼しさを
が宿にして
ねまるなり

suzushisa o
waga yado ni shite
nemaru nari

dans cette fraîcheur
me voilà comme chez moi
en habit de nuit me prélasse

BUSON

温泉の底に
足見ゆる
けさの秋

onsen no soko ni
ware ashi miyuru
kesa no aki

au fond de la source chaude
je vois mes pieds
matin d'automne

CHIYO-JO

雪を
水にうつして
にらみけり

ware yuki o
mizu ni utsushite
nirami keri

sous la neige
mon reflet dans l'eau
j'observe attentivement

HOSAI

井戸の暗さに
が顔を見出す

ido no kurasa ni
waga kao o midasu

dans l'obscurité du puits
je reconnais mon visage

ISSA

時鳥
が身ばかりに
降る雨か

hototogisu
wagami bakari ni
furu ame ka

petit coucou
serais-je le seul sur qui
tombe, tombe la pluie

KATO

蟻殺す
を三人の子
に見られぬ

ari korosu
ware o sannin no ko
ni mirarenu

j'écrase une fourmi
et c'est moi que mes trois enfants
regardent

RYOKAN

萩すすき
が行く道の
しるべせよ

hagi susuki
waga yuku michi no
shirubeseyo

trèfle et herbe d’automne
tout le long de mon chemin
pourtant familier !

SANTOKA

蝿を打ち蚊を打ちを打ち

hae o uchi ka o uchi ware o uchi

Je frappe les mouches
je frappe les moustiques
je me frappe moi-même

(un de mes préférés)

SEISHI

春潮や
が総身に
船の汽笛

shunchō ya
waga sōmi ni
fune no kiteki

marée printanière
mon corps entier transpercé
par la sirène du bateau

SHIKI

秋風や
生きて相る
汝と

akikaze ya
ikite aimiru
nare to ware

Ah le vent d’automne
nous voir ensemble et toujours
vivants toi et moi

SOSEKI

蛍狩
われを小川に
落しけり

hotaru gari
ware o kogawa ni
otoshi keri

chasse aux lucioles
me fait tomber
dans le ruisseau

15 juin 2009

Hônichi : visite au Japon

HONICHI_CHIPOT

jardin zen ~
le silence rompu
par le sécateur

[temple Chion-in]

*

le sable ratissé
  à peine nettoyé,
    une feuille tombe

[temple Nanzen-ji]

*

Devant le building,
une feuille de gingko,
La foule pressée.

Un joli carnet de voyage au Japon de Dominique Chipot avec photos et textes
à commander sur http://thebookedition.com

ISBN 978-2-903864-04-0 

17 décembre 2008

KANSEI - exposition de design japonais

感性 KANSEI, sensibilité, désigne la quintessence de l'esprit japonais.

Cette notion, née à l'époque du Dit de Genji (1008) à l'époque Héian, est l'une des variables de l'art de la fabrication (monozukuri) qui s'ajoute à la fonctionnalité, à la fiabilité et au coût. Le kansei fait appel à la sensibilité de l'être. C'est en suscitant émotion et empathie que l'objet révèle son kansei incarné dans son design (valeur très subjective).

À travers cette exposition de design japonais, nous découvrons les différents concepts de création et surtout la sensibilité culturelle de ce peuple. Le kansei, valeur spirituelle autant que physique, fait appel aux cinq sens et s'incarne de manière bien visible à la surface d'un objet, matérialisé par la couleur, la forme ou la texture.

Les 120 objets du kansei actuel exposés sont classifiés en trois catégories. Les wakotoba (和言葉 mots japonais) porteurs de kansei.

1. Wakotoba de l'expression : 表情 hyôjô, kansei qui habite l'expression des objets

Les valeurs kansei qui résident dans "l'expression" des objets sont les plus faciles à appréhender.

Les artisans et les designers possèdent une connaissance approfondie des matières et maîtrisent les techniques de traitement des surfaces à un point tel que le kansei se révèle à la surface de l'objet, ou dans la présence que l'objet dégage. En créant, ils tirent parti des spécificités de la matière ou de la couleur que leur a légué la nature. Ils sont constamment à la recherche d'espaces et d'outils en harmonie avec l'environnement japonais.

Les Japonais ont intégré dans leur vie la présence, à première vue évanescente, dégagée par les objets. Ils ont créé une culture de la vie quotidienne aux couleurs éclatantes, qu'ils cherchent à préserver à tout prix.

kagerou : passer de l'ombre à la lumière
nishiki : le brocard 錦
tatazumai : l'allure 佇まい (l'aspect)
kime : le grain 木目 (littéralement l'oeil de l'arbre, la loupe)

2. Wakotoba du geste : 動作 dôsa, kansei qui habite le geste du créateur ou de l'utilisateur de l'objet

Les valeurs kansei qui habitent le "geste" sont celles que le corps ressent pour la première fois au moment de la fabrication ou de l'utilisation d'un objet.

Il arrive parfois que, grâce à des techniques de fabrication minutieuses, la force d'une matière, ou au contraire sa faiblesse, dicte à l'utilisateur le geste qu'il fait. D'autres fois, le geste précis de l'utilisateur met en évidence tous le sens que celui qui l'a fabriqué a voulu donner à la matière et à la forme qu'il a choisies.

Cette valeur kansei se ressent à travers la peau, les muscles ou les os. A ce stade, il n'est pas rare que l'utilisateur commence à ressentir de l'émotion.

shitsuraeru : aménager l'espace 設える
shinaru : fléchir
habuku : éliminer le superflu 省く
oru : plier 折る

3. Wakotoba de cœur : 心 kokoro, kansei qui habite le cœur des hommes

Les valeurs kansei qui habitent le "cœur" de l'utilisateur sont celles que le créateur de l'objet considère comme l'objectif ultime.

Ayant minutieusement étudié la matière de l'objet ou bien sa forme, dans toute sa signification ou dans ses fonctions, le créateur s'efforce de susciter chez l'utilisateur un sentiment de reconnaissance, d'attachement, de fête, de libération ou de fraîcheur. L'une des caractéristiques des objets japonais est certainement de proposer un design qui supprime toute complexité inutile et va droit au cœur des utilisateurs.

Nous vivons à une époque où le design est désormais perçu dans toute sa dimension psychologique, au-delà de l'art des formes ou des couleurs. Cette catégorie de valeurs kansei est sans doute celle qui mérite le plus d'être reconnue. C'est celle que je préfère.

mottai : la valeur essentielle
motenashi : l'accueil 持て成し (l'hospitalité)
karoyaka : léger 軽やか
musubi : le nœud 結び (deux brins liés ensemble)

Musubi : le nœud, dont l'appellation est encore en référence avec la nature.

IMG_4050b

De gauche à droite, le nœud papillon (kochô-musubi) qui n'a rien à voir avec notre cravate, le nœud prunier (ume-musubi), le nœud bambou (take-musubi), le nœud bonzai pin (bonzaimatsu-musubi), le nœud aiguille de pin (harimatsu-musubi).

Les amulettes (omamori) que l'on trouve dans les temples, sont aussi des objets noués.

IMG_4055b

Le toypography fait également partie des nœuds. Il s'agit d'un jeu où les blocs forment des mots ou des kanji (idéogrammes) et le dessin qu'il signifie.

IMG_4054b

Karoyaka : la légèreté, dont la transparence des éventails, le papier parfumé (kamikou), l'imprimante portable assez étonnante (Les Japonais sont des spécialistes du miniaturisme)...

IMG_4049b

kagerou : passer de l'ombre à la lumière.
La lampe susuki en est un exemple. Le susuki, herbe de la pampa, est l'une des sept herbes d'automne (kigo).

IMG_4037b

shinaru : fléchir. Exemple cet abat-jour repliable comme un parapluie japonais.

IMG_4057b

etc.

Une magnifique exposition au musée des Arts décoratifs à Paris, de plus c'est gratuit, jusqu'au 21 décembre. Un vrai régal pour appréhender la culture japonaise par l'objet, quand en plus on aime le design.

16 octobre 2013

sur la route

route des crêtes
méandres de la Seine

 

la sauterelle saute
pour voir la scène

 

le cynorrhodon
transformé en cochon


route bordée de monticules
betteraves au soleil

 

à l'ombre des betteraves
la route

 

verger rouge
les fruits dépassent des pommiers

 

les pommes rouges belles à croquer
esquisse

 

surveillant les corbeaux
la lune à demi

 

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25 octobre 2008

L'automne au masculin

Bashô : 色付や豆腐に落ちて薄紅葉

irozuku ya /tôfu ni ochite/ usu momiji

elle change de couleur
en tombant sur le tôfu
la fine feuille d'automne

Buson : 淋しさのうれしくもあり秋の暮

sabishisa no / ureshiku mo ari / aki no kure

dans la solitude
il y a de la joie aussi
crépuscule d'automne

Dansui : ほたほたと椿の落つる朧月

hotahota to / tsubaki no otsuru / oborozuki

doucement
tombe une fleur de camélia
la lune voilée

Hosai : 夜中菊をぬすまれた土の穴ほつかりとある

yônaka kiku o / nusumareta tsuchi no ana /hotsukari to aru

pendant la nuit
quelqu'un a volé un chrysanthème
à la place un large trou

Ryokan : 秋ひよりせむ羽すずめのはをとかな

aki hiyori / senba suzume no / haoto kana

Le ciel d’automne
des milliers de moineaux –
le bruit de leurs ailes

Santoka : 掃くほどに散るほどの秋深く

haku hodoni / chiru hodono / aki fukaku

à mesure que je balaye
les feuilles tombent
automne profond

Shiki : 灯ともせば灯に力なし秋の暮

hi tomoseba / hi ni chikara nashi / aki no kure

allumant la lampe
la lumière n'a pas de force
soirée d'automne

Sôseki : 肩に来て人懐かしや赤蜻蛉

kata ni kite / hitonatsukashi ya / akatonbo

la libellule rouge
sur mon épaule s'est posée
intime et familière

11 janvier 2012

au parc

face au parrotia
le sifflement du merle
bien gras

~

à tour de rôle
merle puis mésange
sous le parrotia

~

branches basses
l’oiseau sous l’if
une hypothèse

~

le postier
dans le parc
graines livrées

~

les bécots
trop loin pour
être entendus 

~

bécot renversé
le penchant des jeunes
sur le banc

 

~

 

guide en main

la reine d’Épidaure

couronnée

 

~

 

dos de la photo
la mésange ignore
l'iguane

4 octobre 2007

KOKORO 心

La question est de savoir si le poète (haïjin) exprime ses sentiments explicitement dans un haïku. J'ai relevé quelques exemples où le mot cœur (kokoro en japonais) apparaît. Chez Bashô, c'est très rare et moins rare chez Santoka.

Arô (1879-1951)

漕ぎ出て 遠き心や 虫の声
kogidatete / tooki kokoro ya / mushi no koe

partant en barque
un cœur qui s'éloigne
le chant des insectes

Awano (1899-1992)

髪洗う すなわち 心洗いたく
kami arau / sunawachi kokoro / araitaku

Je me lave les cheveux
c'est-à-dire
que je me lave l'âme

春惜しむ 心比すれば 老にけり
haru oshimu / kokoro hisureba / oini keri

En secret
le printemps me manque
je vieillis

Bashô (1644-1694)

住つかぬ 旅のこ々ろや 置炬燵
sumitsukanu / tabi no kokoro ya / okigotatsu

fixé nulle part
et mon cœur errant aussi —
kotatsu mobile !

義朝の 心に似たり 秋の風
yoshitomo no / kokoro ni nitari / aki no kaze

au cœur de Yoshitomo
semblable
le vent d'automne

野ざらしを 心に風の しむ身哉
nozarashi o / kokoro ni kaze no / shimu mikana

résigné à mourir de froid
comment le vent
me traverse !

Buson (1716-1783)

裾に置きて 心に遠き 火桶かな
suso ni okite / kokoro ni tôki / hioke kana

Au bas de ma robe
Et pourtant loin de mon cœur
Ah ! le brasero

冬籠 心の奥の よしの山
fuyugomori / kokoro no ôku no / yoshino yama

retiré l’hiver
mais le cœur plein
du mont Yoshino

我園の まくおも盗 こころ哉
agaen no / maku omo nusumu / kokoro kana

dans mon jardin
cueillant un melon
j'ai l'impression de le voler

春や 重たき琵琶の 抱心
yukuharu ya / omotaki biwa no / dakigokoro

départ du printemps -
lourd le biwa
pour ce cœur qui le serre

裾に置て 心に遠き 火桶かな
susoni oite / kokoroni tooki / hioke kana

près des pieds
loin du coeur
le brasero

Chiyo-ni (1703-1775)

かけたらぬ 女心や 土用干
kaketaranu / onnagokoro ya / doyôboshi

jamais éteint
mon cœur de femme
j’aère mes vêtements

Hisajo (1890-1946)

春の陽に 心踊りて 襟掛けぬ
haru no hi ni / kokoro odorite / eri kakenu

lumière de printemps -
mon cœur danse en choisissant
le col de mon kimono

貧しき群れに 落ちし心や 百合にはず
mazushiki mureni / ochishi kokoro ya / yurini hazu

dans l’horrible foule
mon cœur s’est brisé
à la vue des lys innocents

Issa (1763-1827)

何もないが 心安なよ 涼しさよ
nanimo nai ga / kokoro yasunayo / suzushisa yo

Ne possédant rien
comme mon cœur est léger
comme l’air est frais

Mizuhara (1892-1981)

鰯雲 心の波の すえ消えて
iwashi-gumo / kokoro no nami no / sue kiete

Passe un banc de nuages
la houle de mon cœur
va expirant

青春の 過ぎにし心 苺食う
seishun no / suginishi kokoro / ichigo kuu

Printemps de ma vie
dépassé
je croque une fraise

Santoka (1882-1940)

心むなしく あらなみの よせてはかえし
kokoro munashiku aranamino yosetewa kaeshi

Le cœur vide
les vagues furieuses
m’assaillent, se retirent

蜻蛉去れば 蜂が来る事務 静心
tonbo sareba / hachi ga kuru jimu / shizugokoro

Une libellule part,
une abeille arrive à mon bureau
le cœur serein

こころおちつけば 水の音
kokoro ochitsukeba / mizu no oto

Mon cœur s’est calmé le bruit de l’eau

心疲れて 山が海が 美しあぎる
kokoro tsukarete yamaga umiga utsukushi agiru

Le cœur las
montagnes et mers
magnifiques

Shiki (1867-1902)

暑乱くるし 乱れ心や 雷をきく
atsukurushi / madare kokoro ya / rai o kiku

la chaleur est suffocante
le cœur agité
j'écoute le tonnerre

野分の夜 文読む心 定らず
nowaki no yo / fumiyomu kokoro / sadarazu

tempête d'automne
la nuit je lis un livre
le cœur agité

6 juin 2008

3 pêches blanches 白桃

Je vous laisse savourer ces trois fruits juteux à merveille : à la sensualité de l'une, aux envies de meurtre de l'autre, à la douceur de la troisième.

 

de Toshiko Tonomura (1908-2000)

白桃に唇濡れしまま笑ふ

hakutô ni kuchibiru nureshi mama warau

les lèvres mouillées
du jus de pêche blanche
je ris

 

 

de Masajo Suzuki (1906-2003)

白桃に人刺すごよく刃を入れて

hakutô ni hito sasu gotoku ha o irete

la lame pénètre
la pêche blanche
comme pour poignarder

 

de Takako Hashimoto (1899-1963)

白桃に入れし刃先の種を割る

hakutô ni ireshi hasaki no tane o waru

coupant la pêche blanche
la pointe du couteau
casse le noyau

Du rouge aux lèvres, traduction de Makoto Kemmoku et Dominique Chipot (La table ronde 2008)

2 mars 2011

premier mars

premier mars
le kerrya japonica
sur fond gris

~

jour de repos
l'eau du bassin
s'adoucit

~

bise martienne
les crocus blancs éparpillés
sous le févier

~

loin du rucher
l'élagueur à la cime
du tilleul

~

les duvets blancs
concentrés sur un point
la pelouse

~

le froufroutement
des vieilles feuilles
ne s'éteint jamais

~

abandon de poste
la mésange plus vive
que l'étourneau

~

les sacs papier
glissent sur le gravier
recueil du casqué

~

engin de levage
il porte la canette
à sa bouche

14 février 2010

二月 nigatsu : deuxième mois

Un avant goût de printemps !

Le printemps débute officiellement le 4 février (risshun 立春). Les vents de printemps entraînent le dégel, ramènent les chants d'oiseaux, en particulier celui du rossignol. Dans les cours d'eau et les étangs, on distingue déjà les poissons à travers la glace qui s'amincit.

La deuxième étape se situe au 20 février : abondantes averses (usui 雨水), la neige fond, les glaces se disloquent, le sol détrempé commence à donner des signes de vie : l'herbe pousse, les arbres bourgeonnent. En longues traînées, les brumes de printemps font leur apparition

Après le froid rigoureux de cet hiver, l'allongement progressif des jours et la durée d'ensoleillement annoncent que nous arrivons à son terme. Réjouissons-nous mes frères ! Le printemps est à nos portes...

Deuxième mois, kigo de printemps, soit février, signifie l'avènement du printemps dans le calendrier lunaire. Pour le calendrier solaire, ce ne sont que des signes avant-coureurs d'une saison qui ne se déclare vraiment qu'un mois plus tard, en mars.

de Ishiwara Shôgetsu 石原舟月:

雪の上に二月の雨の降りにけり

yuki no ue ni nigatsu no ame nofuri ni keri

neige trouée
les pluies de février
sont tombées

~

de Katô Shûson 加藤楸邨 (1905-1993) :

木のひかり二月の壁は度えやすし
ki no hikari nigatsu no kabe wa doe yasushi

la lumière des arbres
sur les talus de février
si fragile

~

de Chodô 樗堂 :

鴨減りて水のさびしき二月かな
kamo herite mizu no sabishiki nigatsu kana

les canards se font rares
solitude des eaux
du deuxième mois

Le réveil de la loutre. Le printemps. Grand almanach poétique japonais, traduit par Alain Kervern (Éditions Folle Avoine, réédition 2009).

Merci Christian pour ton aide, voir son blog http://tabi.over-blog.com/.

30 juin 2011

Au jardin 2

chant du merle
pas aussi enchanteur
que l'eau fraîche

~

bec ouvert
la merlette
dans les pâquerettes

~

le buis porte
miette et moineau
lourdement

~

jeu de raquette
les balles calorifères
sur le court

~

apesanteur
la binette en suspens
sur la bordure

~

tenue d'été
les chaussures montantes
des jardiniers

~

le képi a chaud
plan en main les gamins
cherchent la liberté*

* statue de Bartholdi

7 juillet 2011

5 juillet

récolte en ville
énormes sous le magnolia
les morilles

~

saint Sulpice
fraîcheur de la nef
incroyante

~

entrée du jardin
les degrés en moins
sous la frondaison

~

la tondeuse
Branly imperturbable
sous le soleil

~

traînée de chaise
un coup de main poli
à la vieille dame

~

sous la chaleur
le tilleul se déflore
tournoiements

~

devant le marchand
les quatre bonzes orange
une boule chacun

30 septembre 2011

Au jardin

hêtre ou être
à côté de la question
l’ombre de l’été

~

les yeux rouges
le pigeon laisse partir
sa compagne

~

le bec jaune
à tire d’ailes
cosmos roses

~

appel d'air
le mouvement
des feuilles mortes

~

le papillon
arrive le premier
chute de feuille

~

Ginette !
Albert est là
les solanum
dans leur grande beauté

~

up and down
l'élagueur du frêne à fleur
au hêtre pourpre

~

au soleil
le ricin plus rouge
dégouline

~

UV
le caleçon
sur la chaise

~

parmi les autres
la feuille choisie
hêtre en automne

29 décembre 2011

septentrion

septentrion
la fumée s'espace
de la maison

~

sous bois
les pas chiches
sur l'humus

~

tranquillité
clap clap le cygne
brise l'eau

~

fer à cheval
l'oiseau tête en bas
sur l'arbre

~

devant l'étang
avant de retrouver
les rues

~

l’astre
éblouit la brume
trouée

~

craquements
de la forêt
un pic lequel

~

le jeune chien
hors d'atteinte
du cygne

~

nappe de brume
les couverts sur l'étang
invisibles

9 juillet 2013

suite forestière

sous bois
jonglerie à trois
des insectes

 

point d’oiseaux
la concentration
à son comble

 

l'oiseau tape
sur le clavier averti
aucun mot ne sort
l'écrit reste gravé
sur le tronc

 

reliant les chênes
je trace le chemin
de leur fratrie

 

l'écorce rugueuse
marque mon dos d'une rougeur
monotone

 

mes bras
encerclent le fût
chêne lié

 

un pic
les mésanges aussi
montent aux arbres

17 juillet 2013

Promenade du soir

le chien s'aplatit
au loin un compère

 

nouveau langage
ma connaissance de la pie

 

alignées sur une branche
les canes vespérales

 

le chien pattes noires
levée de canards

 

chemin du lac
tous courent nous assis

 

quatre nouveau-nés
le peuple des canards s'agrandit

 

 

la tortue s'enfonce sous l'eau
soir d'été

 

Wimbledon est loin
nos yeux s'agitent

 

dans l'herbe
les chips circulent allègrement

 

2 mai 2015

leçon de chose du premier mai

branche occupée
le foulque déloge la cane

 

cris des foulques
le désaccord du couple

 

surgies du fond
les feuilles de nénuphar

 

à l'envers
la feuille comme fleur

 

le limaçon sans salive
sur le côté

 

le héron mouillé
s'emploie au plumage

 

bois vert et goutteux
la blanche écume

 

hors pluie
le muguet un brin parfumé

14 décembre 2011

13 décembre : sainte Lucie

Sainte Lucie veille à la musique de la pluie

l’eau goûte
à la crécelle
de la pie

~

l’eau goûte
au vent
flac

~

le nid
en brindilles
éole

~

le son
sous l’auvent
incessant

~

l’eau ricoche
en tombant du toit
éclaboussures

~

voix virtuelle
la pluie s’accorde
à éole

~

kudasai
s’il vous plaît
unpleasant*

~

essuie-pluie
tout y passe
secousses

~

parapluie plié
se tient droit
tête en bas

~

cinglés
les oiseaux
vident l’eau

~

les canards
en flottille
près de la berge

~

pluie battante
elle a gagné
la sortie

* depuis l'automatisation de la ligne1 du métro, des annonces en langue étrangère (allemand, anglais, japonais, etc.) ont voix au chapitre virtuellement... d'où mon agacement. Vive le progrès !

21 décembre 2010

Le pet

Le pet (おなら onara ou he en japonais), mot de saison d'hiver créé par Kikaku, est l'objet d'un passe-temps durant la longue saison de réclusion. 

On le retrouve chez Issa, en toutes saisons. Mais il est clair que ce thème n'apparaît que peu dans le haïku, mais plutôt dans le senryû et les kokkei. Glanés par-ci par-là :

de Issa :

馬の屁に目覚めて見れば飛ぶほたる
uma no he ni mezamete mireba tobu hotaru

d’un pet de cheval
tiré du sommeil j’ai vu
des lucioles en vol

~

垣外へ屁を捨てに出る夜寒哉
kakisoto e he wo sutenideru yosamu kana

par delà la haie
sors me décharger d'un pet
au froid de la nuit

~

虫の屁を指して笑ひ仏哉
mushi no he wo yubisashite warai botoke kana

pet de bombardier*
que montre du doigt
le Bouddha rieur

~

長の日や沈香も焚かず屁もひらず
naga no hi ya jinkô mo takazu he mo hirazu

longue journée -
rien à faire que brûler de l'encens
ou péter

~

屁くらべが又始るぞ冬篭
he kurabe ga mata hajimaru zo fuyugomori

les concours de pet
s'en vont donc recommencer
repos hivernal

~

月涼し水面ぷくっと河童の屁
tsuki suzushi suimen bukutto kappa no he

lune froide -
des bulles d'eau à la surface
le pet d'un lutin

~

de Sôin :

我が親の死ぬる時にも屁をこきて
waga oya no shinuru toki ni mo he o kokite

juste avant sa mort
mon père
pète encore

de Fukushima Seigi 福島せいぎ:

みどり子のおならめでたし初笑ひ
midorigo no onara medetashi hatsuwarai

le pet de l’enfant son premier sourire rayonnant

* bombardier : insecte

11 août 2010

1er août

Dimanche premier août, départ pour la Bourgogne sur l'autoroute du sud. Le trafic est dense, mais une déviation vers Troyes nous conduit tranquillement à une étape imprévue, Villeneuve-l'Archevêque, berceau paternel.

premier août
la route des escargots
porte bien son nom

Le canal de Bourgogne (189 écluses), lieu de villégiature des plaisanciers, est l'occasion d'arrêts multiples. Cette voie navigable a permis à de nombreuses scieries de s'installer sur ses berges.

devant l’écluse
livre ouvert sur les genoux
les passants

~

les libellules
au ras du canal
reflets irisés

~

le liseron
enlace une ortie
amours cuisantes

~

une libellule
passe dans le ciel
plus grosse

~

les poissons-chats
regroupés sous les herbes
voie d'eau

11 février 2011

Seine occultée

Seine occultée
passage des wagons
sur la péniche

~

cris d'animal
l'homme sur la margelle
rit tout seul

~

quadrillé
le flot continue
de couler

~

kikiriki
le chant du coq
magnétique

~

les aiguilles
presqu'à angle droit
milieu du pont

~

le carillon
en écho sur l'autre rive
moteur sourd

~

laisse en main
son scottish blanc délaissé
près du peuplier

15 février 2011

14 février

les pioupious
de plus en plus manifestes
pommier en fleurs

~

sur le filet noir
ils se crêpent le chignon
semis de corbeaux

~

un par un
les étourneaux courent
sur la pelouse

~

les Valentins
sur le banc voisin
reposent

~

la corneille
sur la tête de Verlaine
un ver posthume

~

les cannes
sont de sortie
saint Valentin

~

le vieil homme
devant le banc des amoureux
passe et repasse

~

les primevères
font leur apparition
dans les parterres

~

plafond bas
la pourpre des primevères
touche le ciel

18 avril 2011

Luxembourg presque parfait

22°C, la température idéale pour aller déjeuner au jardin du Luxembourg. Installée à l'ombre du parrotia, un magnifique poste d'observation pour regarder le massif de tulipes rose foncé et rose pâle entourant le poète Verlaine. Deux fillettes en tresse, l'une rose, l'autre bleue, courent sur la pelouse parsemée de pâquerettes.

deux petites nattes
joutent avec les branches
de cerisier

Le merle perché sur une branche du parrotia s'élance vers les tulipes, suivi de près par la merlette. Puis il revient et se met à chanter et siffler juste au-dessus de moi, arrêté net dans son élan par l'apparition d'une corneille, l'ombre au tableau.

du parrotia
aux tulipes le merle
et sa merlette

~

première loge
le merle franc-maçon
chante et siffle

~

la corneille
le chant du merle reprend
à son départ

Ma voisine apeurée par un insecte puant que si on l'écrase.

la punaise
sur le vert tendre
inodore

Lorsqu'un enfant-trappeur arrive avec sa carabine et vise les gens du voisinage. – Ça devient dangereux, dis-je, mi-plaisantant mi-sérieuse et je m’en vais. La mère me dit : ce n’est pas dangereux. – Désolée, mais je n’aime pas les armes quelles qu’elles soient.

visée par l’enfant
à la carabine
l’heure du départ

À la sortie du jardin, les travailleurs permanents continuent de s'activer sur les parterres floraux.

les genouillères
du jardinier
sur le gravier

De retour au bureau, fenêtre ouverte, je continue à percevoir les bruits du printemps.

10 juillet 2011

Mizusumashi : le gyrin

de TAIGI : しずまれば流るる脚や水馬
shizumareba nagaruru ashi ya mizusumashi*

quand il s'arrête
ses pattes dérivent
le gyrin

~

de ASANO : 雨の輪のまいまいの輪を消しふゆる
ame no wa no maimai* no wa o keshifuyuru

les cercles de pluie
effacent les ronds dans l'eau
du gyrin

maimai ou mizusumashi signifie éclaircir l'eau, en référence à la façon dont le gyrin tourne sur l'eau comme s'il la mélangeait. Kigo d'été.

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