AWA NO UTA アワの歌 - Chant du ciel et de la terre
A-WA 天地 signifie le ciel et la terre.
A est le premier son (ciel 天), WA le dernier son (terre 地) de ce chant à deux voix, composé de 48 sons. En effet, selon des documents très anciens et la croyance cosmogonique des Japonais, Izanagi no Kami, divinité masculine et Izanami no kami, divinité féminine, sont le couple divin créateur du monde manifesté. Du ciel vers la terre, à la rencontre des humains.
Ce chant traditionnel, composé de 5-7-5-7-5-7-5-7 syllabes, est en deux parties. Les 24 sons supérieurs sont attribués à Izanagi no Kami, et les 24 sons inférieurs à Izanami no Kami. Il représente le mouvement originel de la vie où AWA cherche à se manifester.
Pour les Japonais, ce chant est la langue-source, transmission des 48 phonèmes qui composent son langage.
En chantant Awa no uta, comme un mantra, en boucle, les sons émis ont un effet bienfaisant sur le mental et le physique, vous permettant de renforcer l’énergie vitale, et de vous sentir en harmonie avec le monde.
あかはなま (5)
いきひにみうく (7)
ふぬむえけ (5)
へねめおこほの (7)
もとろそよ (5)
をてれせゑつる (7)
すゆんちり (5)
したらさやわ (7)
A KA HA NA MA
I KI HI NI MI U KU
FU NU MU E KE
HE NE ME O KO HO NO
MO TO RO SO YO
WO TE RE SE YE TSU RU
SU YU N CHI RI
SHI YI TA RA SA YA WA
Voici différentes interprétations de ce chant sacré (Norito). Libres à vous de créer votre propre enchaînement.
Lara Fabian s’est inspirée de ce chant pour composer sa chanson : I am AWA.
* Le document ci-dessus représente Awa no Uta en ancien glyphe woshite (plus de trois mille ans).
* Norito : prière Shintô
天 ciel, dans le sens de cosmos, espace invisible, monde non manifesté
地 terre, espace visible, monde manifesté.
L'eau étrangère, de Silvia Baron Supervielle
l'indiscernable
vibration
de l'édifice
qui emmure
le cri
---
à l'encre
j'écris
contre
les cris
à blanc
---
il se fait
un jeune
jour
et une
ancienne
nuit
---
rien que
les quatre
blancs
de la page
dépliée
---
longtemps
fixés
sur la route
les yeux
sans
l'entrevoir
---
ici reste
à jamais
en dehors
de moi
Solo andata (Aller simple), de Erri de Luca
Fiori
Sul campo è sparsa la fiorita del mandorlo,
s'attacca sotto i sandali,
in cucina la donna va dicendo : " Il solo sei
che porta in casa i fiori sotto i piedi."
"E tu la sola che li accoglie col manico di scopa
anziché con il vaso di cristallo."
Fleurs
Le champ est parsemé de fleurs d'amandiers,
elles se collent aux sandales,
à la cuisine la femme dit : "Tu es le seul
qui apporte à la maison des fleurs sous les pieds."
"Et toi la seule qui les accueille avec un manche à balai
au lieu d'un vase en cristal."
Aller simple (édition bilingue) - Gallimard - ISBN 978-2-07-077581-1
Eloge de l'imperfection, de Hassan Wahbi
L'amour parfois nous est hostile
à peine frôle-t-il
notre imagination,
à peine se dégage-t-il.
Mais tard dans la vie
dans le vent faible du corps
nous l'enterrons
dans son propre ciel.
...
Tracer quelques mots
pour voir clair
dans la confusion
des choses
la confusion de soi-même,
derrière de vieux masques
invisibles.
...
Un matin
la tête lourde des obscurités des choses
on ne s'extasie plus
sur la beauté,
un voile tombe
sur les clartés
et on ne sait pas
quoi faire de nous.
...
emprunter
plusieurs chemins
dans un seul
Hassan Wahbi enseigne la littérature française et l'histoire des idées et des questions interculturelles et d'esthétique à la Faculté des Lettres d'Agadir (Maroc).
Il a publié deux monographies critiques sur l'écrivain Abdelkébir Khatibi : Les mots du monde et la Fable de l'aimance, un livre d'entretiens avec le même écrivain: La Beauté de l'absent et deux recueils de poésie, Ici et La Part de Lumière (L'Harmattan, 2009 et 2010).
Eloge de l'imperfection, de Hassan Wahbi (Al Manar 2012) - ISBN 978-2-36426-021-4
À l’ombre du bonsaï, de Werner Lambersy
Quelques extraits de cet ouvrage que je viens de recevoir et que je découvre avec un grand plaisir dans le fond et dans la forme.
Je bavarde
Avec un nuage qui pour en rire qui pour applaudir
Chez le docteur
Le chien et moi on éternue tout le monde rit
Même prise
Aux robinets la rivière n'oublie pas de chanter
Haïkus
ne dites rien ! Il faut rester dans l'inachevable
L'esprit
Zen veut le calme du concombre et le rire du potiron
Un petit dernier pour les mathématiciens :
Tout
Liquide frappé par une droite répond par un cercle
À l’ombre du bonsaï, de Werner Lambersy (L'âne qui butine, collection xylophage) - ISBN 978-2-919712-00-7 6 - www.anequibutine.com
Casse-pieds n°13
Passer la soirée
à te caresser la main
du côté velours
Line Michaud
~
dans la niche
derrière le grillage
- trois vierges marries
Gourbit
~
nuit d'amour
la pleine lune
change de fenêtre
Daniel Py
~
vent glacial
le bruit de l'escargot
que j'écrase
Vincent Hoarau
~
soleil d'hiver
au bureau le simple gel
des conversations
PP mute
bol d'Hair
Je remercie vivement Charles Hair, céramiste en Touraine, pour cette belle pièce en céladon, créée à l'occasion de son exposition Autour d'un thé, à la galerie Thouzay.
l'heure du thé
le tic-tac de l'horloge
dans le silence
©nekojita
l'envers du bol
Le site de Charles Hair : http://www.charles-hair.com/
Pointe de flamme, Jules Supervieille
Tout le long de sa vie
Il avait aimé à lire
Avec une bougie
Et souvent il passait
La main dessus la flamme
Pour se persuader
Qu'il vivait,
Qu'il vivait.
Depuis le jour de sa mort
Il tient à côté de lui
Une bougie allumée
Mais garde les mains cachées.
Gravitations, Jules Supervieille
Sous les palmiers, Jules Supervieille
Il fait à Djibouti si chaud,
Si métallique, âpre, inhumain,
Qu'on planta des palmiers de zinc
Les autres mourant aussitôt.
Quand on s'assied sous la ferraille
Crissante au souffle du désert,
Il vous tombe de la limaille,
Bientôt vous en êtes couvert.
Mais vous possédez l'avantage,
Sous la palme au fracas de train,
D'imaginer d'autres voyages
Qui vous mènent beaucoup plus loin.
Gravitations, Jules Supervieille
稲妻 inazuma, éclairs de Bashô
La métaphore existe. L'éclair est le symbole même de la vie éphémère.
稲妻にさとらぬ人の貴さよ
inazuma ni / satoranu hito no / tôtosa yo
devant un éclair
l'homme qui ne comprend pas
est bien admirable !
~
稲妻や闇の方行く五位の声
inazuma ya / yami no kata yuku/ goi no koe
un éclair
le cri d'un héron*
traverse les ténèbres
~
稲妻を手にとる闇の紙燭哉
inazuma o / te ni toru yami no /shisoku kana
Ces éclairs, les prendre
à la main dans la nuit noire
en faire des torches
merci Laurent.
Notes:
goi sagi (nycticorax nycticorax) n'est pas un héron mais un bihoreau gris. Ce nom lui vient de l'Empereur Daigo (885-930) qui l'éleva au 5e rang (五位).