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15 décembre 2010

Bon inquiet mort, de Claude Bugeon

Bon inquiet mort

Un homme montait la Grand'Rue
Poursuivi par des chiens et des enfants
Un homme maigre et bossu
Qui tirait les cloches des messes
Un homme lâché par l'esprit
Ce bel esprit qui ment
Un homme pur
Quand la mort hantait la grève

On se demande pourquoi
Ils lui jetèrent des seaux d'eau
C'était un homme différent un miroir
Que poussaient les enfants du haut de la falaise
Autant de frères que de jeunes garçons
Dont il aimait toucher les têtes vigoureuses
Et nul n'était plus beau que sa faiblesse
Épanouie en sourires transparents
En paisibles regards noirs
En gestes doux et pensées abruptes

Un homme montait la Grand'Rue
Petit fantôme jusqu'à la pâtisserie
Serrant ses sous pour des sucres tendres
Et des chocolats fins
Un vieil homme qui fut bébé
Un homme lâché du haut de la falaise
Corps insignifiant dans les algues
Choses muettes et plein seau de prières

Un homme un enfant un rien
Vite oublié dessous la terre
Un  homme bon inquiet mort.

Les chants verticaux, de Claude Burgeon (Le dé bleu, 2000).

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10 août 2010

Cristallisation secrète, de Yoko Ogawa

Titre original : Hissoyakana kessho, Actes Sud 2009. Traduit du japonais par Rose-Marie Makino.

L'île des disparitions, un magnifique roman, angoissant, kafkaïen. Une grande écrivain japonaise, originale et pleine de sensibilité. Autres ouvrages chez Actes Sud.

- la piscine, les abeilles, la grossesse

- hôtel iris

- parfum de glace

- une parfaite chambre de malade

- la formule préférée du professeur

- les paupières,

- la mer

etc.

20 juillet 2010

Le jardinier d’amour, de Tagore

Le jardinier d’amour, VI

L’oiseau apprivoisé était dans une cage ; l’oiseau sauvage était dans la forêt.

Le sort les fit se rencontrer. L’oiseau sauvage crie : Oh ! mon amour, volons vers le bois.

L’oiseau apprivoisé murmure : Viens ici, vivons ensemble dans la cage.

Parmi ces barreaux, où y aurait-il place pour étendre mes ailes ? dit le libre oiseau. Hélas ! s’écrie le prisonnier, je ne saurais où me poser dans le ciel.

Mon bien-aimé, viens chanter les chants des forêts. — Reste près de moi. Je t’enseignerai une musique savante.

L’oiseau des forêts réplique : Non, non ! Les chants jamais ne se peuvent enseigner.

L’oiseau en cage dit : Hélas ! Je ne sais pas les chants des forêts.

Ils ont soif d’amour, mais jamais ils ne peuvent voler aile à aile.

A travers les barreaux de la cage ils se regardent, et vain est leur désir de se connaître

Ils battent des ailes et chantent : Viens plus près mon amour !

Le libre ailé s’écrie : Je ne puis, je crains les portes fermées de ta cage.

Hélas ! dit le captif, mes ailes sont impuissantes et mortes.

8 mai 2010

Expressions japonaises

散る梅を屁とも思うわぬ御顔哉

chiru ume o / he to mo omowanu / o-kao kana

le visage du saint
ne fait pas plus attention à la chute des fleurs de prunier
qu'à un pet

~

屁と火事はもとから騒ぐ

he to kaji wa moto kara sawaku

celui qui crie le plus fort est souvent le fauteur de trouble,
autrement dit, c’est la poule qui a chanté qui a fait l’œuf

~

屁をひって尻窄め

he wo hitte shiri tsubome

Il n'y a aucune raison de serrer les fesses après avoir pété,
inutile de fermer la porte de l'écurie après que le cheval se soit sauvé

20 avril 2010

Image, de Guillevic

Image

Sous les herbes, ça se cajole,
Ça s'ébouriffe et se tripote,
Ça s'étripe et se désélytre,
Ça s'entregrouille et s'entrefouille,
Ça s'écrabouille et se barbouille,
Ça se chatouille et se dépouille,
Ça se mouille et se déverrouille,
Ça se dérouille et se farfouille,
Ça s'épouille et se tripatouille

Et du calme le pré
Est la classique image.

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21 mars 2010

waka du Manyôshû, violette

haru no no ni
sumire tsumi ni to
koshi ware so
no wo natsukashimi
hito-yo- ne ni-keru

sur la lande printanière
pour cueillir la violette
je m'étais rendu
et cette lande était si douce
que j'y ai passé la nuit

Yamabe Akahito

21 février 2010

Haïkus, etc. suivi de 43 secondes

Philippe Forest écrit :

[…] Une deuxième idée fausse concerne l’isolement total qui entourerait le haïku. Elle tient à la manière dont ces poèmes nous parviennent le plus souvent en Occident, cités solitairement ou bien recueillis dans des anthologies qui effacent tout du contexte dans lequel ces textes furent originellement insérés1. Le lecteur occidental s’imagine ainsi que le haïku se suffit à lui-même, qu’il ne se rapporte à rien qui lui soit extérieur. Il en déduit qu’il est solidaire d’une esthétique obsidionale de l’expression littéraire. Rien n’est plus erroné également. Au lieu d’opposer prose et poésie, la littérature japonaise les conçoit ensemble. La prose intègre en elle-même le poème qui le suspend. Le poème appelle à lui la prose qui l’enveloppe. […]

Plus loin, il ajoute […] Pour ma part, je ne connais qu’un écrivain occidental à l’avoir compris et avoir produit dans l’une de nos langues quelque chose qui s’en approche. Il s’agit de Jack Kerouac dans The Dharma Bums.

1. référence aux journaux poétiques de Bashô et Issa : Oku no hosomichi pour Bashô et Ora ga haru pour Issa.

Éditions Cécile Defaut, 2008. ISBN 978-2-35018-0668-7

10 décembre 2009

Séjours, d'André Duhaime

ces enfants petits
je les entends encore parfois en rêve
des adultes téléphonent

~

la veille du départ
autour de la table
ils et elles sont là

~

mes enfants
et leurs mères
ciel variable

Un voyage dans le temps, ce livre chargé de vie, d'une vie remplie d'émotion retenue, de questionnement aussi, celui d'un père qui retrouve sa fille en métropole. Avec une deuxième partie de tankas : pour un tombeau de Mallarmé ou carnet de Néandertal beach.

gribouillés dans l'obscurité
illisibles à l'aube
ces mots des épaves
échoués contre d'autres
dans le carnet noir

A découvrir, lire et relire.

Christian Feuillette éditeur, 2009. ISBN 978-2-92343-824-5

6 décembre 2009

Technique 5 - le lien éloigné

5. le lien éloigné

Haïku d'automne :

kakehashi ya / mazu omoi izu / uma makae
架け橋やまづ思ひ出づ馬まかえ
pont suspendu d'abord on pense à des chevaux se rencontrant

swinging bridge / first one thinks of / meeting horses


Chaque année au 15 août l’empereur inspectait ses chevaux. Les chevaux devaient traverser le pont pour se rendre à Tokyo.

5 décembre 2009

Technique 4 - le lien proche

4. le lien proche

Ce haïku de printemps est en fait un proverbe chinois, d’après un livre de poèmes sur le jardinage de 1676. Bashô, à ses débuts, utilisait beaucoup de références à la culture et à la littérature.

ûru koto / ko no gotoku seyo /chigo-zakura
植うる事子のごとくせよ児櫻
en plantant un cerisier sauvage traite-le comme un bébé *

when planting one / handle it like a baby / wild cherry tree

* ce haïku est aussi une comparaison.

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