Canalblog
Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Publicité

CHICHINPUIPUI

Archives
13 octobre 2007

YUME 夢 Le rêve de Chiyo-ni

Chiyo-ni no yume dans Bonzesse au jardin nu

物ぬひや
夢たたみこむ
師走の夜

mono nuhi ya
yume tatamikomu
shiwasu no yo

En train de coudre
repliée d
ans le rêve
fin de l’année

-

蝶は夢の
名残わけ人
花野哉

chô wa yume no
nagori
wake hito
hanaya kana

traces
des
rêves des papillons
les fleurs dans les champs

-

たんぽぽや
折々さます
蝶の夢

tanpopo ya
oriori samasu
chyô no yume

les pissenlits
de
temps à autre réveillent
les papillons de leurs rêves

-

蝶々や
何を夢見て
羽つかひ

chôchô ya
nani o yume mite
hane tsukai

papillon
à
quoi rêves-tu ?
à frémir ainsi des ailes ?

-

夢さめぬ
畳に菊の
咲しけふ

yume samenu
tatami ni kiku no
sakishi kyô

interrompant mon rêve
le
chrysanthème sur le tatami
vient d’éclore

Publicité
13 octobre 2007

YUME 夢 Le rêve de Bashô

Pour le gardien du bazar, voici quelques rêves nippons pas toujours fripons...

Bashô no yume

たこ壷や
はかなき夢を
夏の月

tako tsubo ya
hakanaki yume o
natsu no tsuki

des pieuvres dans les jarres
les
rêves fugitifs
sous la lune d'été [A Kyoto rêvant de Kyoto]

-

旅に病んで
夢は枯野を
かけめぐる

tabi ni yande
yume wa kareno o
kake meguru

malade en voyage
mes
rêves parcourent seuls
les champs désolés [Cent onze haïku de Bashô]

-

夏草や
兵どもが
夢の跡

natsu kusa ya
tsuwamono domo ga
yume no ato

dans les herbes folles
épave
d'un songe
l'ombre des guerriers

[Avec Bashô, sur le chemin étroit du nord profond]

12 octobre 2007

Bashô à Kyoto rêvant de Kyoto

菊の香や
庭に切れたる
復の底

kiku no ka ya
niwa ni kiretaru
mata no soko

dans le jardin
le parfum des chrysanthèmes
et une semelle usée

11 octobre 2007

Buson (Le parfum de la lune)

夕風や
水青鷺の
脛をうつ

yûkaze ya / mizu aosagi no / sune o utsu

dans la brise du soir
sur les pattes du héron bleu
le clapotis de l'eau

4 octobre 2007

KOKORO 心

La question est de savoir si le poète (haïjin) exprime ses sentiments explicitement dans un haïku. J'ai relevé quelques exemples où le mot cœur (kokoro en japonais) apparaît. Chez Bashô, c'est très rare et moins rare chez Santoka.

Arô (1879-1951)

漕ぎ出て 遠き心や 虫の声
kogidatete / tooki kokoro ya / mushi no koe

partant en barque
un cœur qui s'éloigne
le chant des insectes

Awano (1899-1992)

髪洗う すなわち 心洗いたく
kami arau / sunawachi kokoro / araitaku

Je me lave les cheveux
c'est-à-dire
que je me lave l'âme

春惜しむ 心比すれば 老にけり
haru oshimu / kokoro hisureba / oini keri

En secret
le printemps me manque
je vieillis

Bashô (1644-1694)

住つかぬ 旅のこ々ろや 置炬燵
sumitsukanu / tabi no kokoro ya / okigotatsu

fixé nulle part
et mon cœur errant aussi —
kotatsu mobile !

義朝の 心に似たり 秋の風
yoshitomo no / kokoro ni nitari / aki no kaze

au cœur de Yoshitomo
semblable
le vent d'automne

野ざらしを 心に風の しむ身哉
nozarashi o / kokoro ni kaze no / shimu mikana

résigné à mourir de froid
comment le vent
me traverse !

Buson (1716-1783)

裾に置きて 心に遠き 火桶かな
suso ni okite / kokoro ni tôki / hioke kana

Au bas de ma robe
Et pourtant loin de mon cœur
Ah ! le brasero

冬籠 心の奥の よしの山
fuyugomori / kokoro no ôku no / yoshino yama

retiré l’hiver
mais le cœur plein
du mont Yoshino

我園の まくおも盗 こころ哉
agaen no / maku omo nusumu / kokoro kana

dans mon jardin
cueillant un melon
j'ai l'impression de le voler

春や 重たき琵琶の 抱心
yukuharu ya / omotaki biwa no / dakigokoro

départ du printemps -
lourd le biwa
pour ce cœur qui le serre

裾に置て 心に遠き 火桶かな
susoni oite / kokoroni tooki / hioke kana

près des pieds
loin du coeur
le brasero

Chiyo-ni (1703-1775)

かけたらぬ 女心や 土用干
kaketaranu / onnagokoro ya / doyôboshi

jamais éteint
mon cœur de femme
j’aère mes vêtements

Hisajo (1890-1946)

春の陽に 心踊りて 襟掛けぬ
haru no hi ni / kokoro odorite / eri kakenu

lumière de printemps -
mon cœur danse en choisissant
le col de mon kimono

貧しき群れに 落ちし心や 百合にはず
mazushiki mureni / ochishi kokoro ya / yurini hazu

dans l’horrible foule
mon cœur s’est brisé
à la vue des lys innocents

Issa (1763-1827)

何もないが 心安なよ 涼しさよ
nanimo nai ga / kokoro yasunayo / suzushisa yo

Ne possédant rien
comme mon cœur est léger
comme l’air est frais

Mizuhara (1892-1981)

鰯雲 心の波の すえ消えて
iwashi-gumo / kokoro no nami no / sue kiete

Passe un banc de nuages
la houle de mon cœur
va expirant

青春の 過ぎにし心 苺食う
seishun no / suginishi kokoro / ichigo kuu

Printemps de ma vie
dépassé
je croque une fraise

Santoka (1882-1940)

心むなしく あらなみの よせてはかえし
kokoro munashiku aranamino yosetewa kaeshi

Le cœur vide
les vagues furieuses
m’assaillent, se retirent

蜻蛉去れば 蜂が来る事務 静心
tonbo sareba / hachi ga kuru jimu / shizugokoro

Une libellule part,
une abeille arrive à mon bureau
le cœur serein

こころおちつけば 水の音
kokoro ochitsukeba / mizu no oto

Mon cœur s’est calmé le bruit de l’eau

心疲れて 山が海が 美しあぎる
kokoro tsukarete yamaga umiga utsukushi agiru

Le cœur las
montagnes et mers
magnifiques

Shiki (1867-1902)

暑乱くるし 乱れ心や 雷をきく
atsukurushi / madare kokoro ya / rai o kiku

la chaleur est suffocante
le cœur agité
j'écoute le tonnerre

野分の夜 文読む心 定らず
nowaki no yo / fumiyomu kokoro / sadarazu

tempête d'automne
la nuit je lis un livre
le cœur agité

Publicité
19 juillet 2007

A l'oreille du rêveur, de Paul de Maricourt

Paul est écrivain et poète. Je l'ai rencontré par le haïku.

Passionné par le désert auquel il a consacré deux romans, il randonne en Égypte, entre les vertigineuses concrétions de craie du Désert Blanc. A l'oreille du rêveur. Égypte, du désert blanc au Caire (Bucdom Edition Cutlurelle) raconte ses impressions par petites touches fort sympathiques, avec humour et sensibilité. Un petit goût d'Afrique plein de chameaux, d'ânes et de fennecs. En écho, sa grand-mère Lisette, aquarelliste, illustre ses textes, ce qui rend ce recueil encore plus touchant.  Je vous laisse partager un peu de son vent de sable et lui tenir compagnie.

Ivresse du désert
Je pisse contre la roche -
Gare aux rafales !

*

Blanc sourire
Fatras d'os crayeux
Les sables nous suivent

*

Le chameau -
Nous mâchonnons nos dattes
Lui ses noyaux

 

 

*

En marche !
Derrière le chameau
Je cache mes vents

*

Le fennec -
Je n'ai vu que ses oreilles
Derrière nos ordures

*

Un chamelier
Fixant le ciel plombé -
Sa dent en or

*

Appel du soir -
Un nid de cigognes
En haut du minaret

*

Un cireur de pompes -
Son regard appuyé
Sur mes Nike

*

Vieillard au musée -
Face à la momie
Ses mains tremblent

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Pour en savoir un peu plus sur l'auteur, biographie, bibliographie, interview, et quelques textes en ligne :

J'avais pour moi
La moto

11 juillet 2007

KIGO : mots de saison

   Shokan Tadashi Kondo, professeur d'anglais à l'Université Seikei à Tokyo, spécialiste du renku (連句) ou poème lié, invité par l'AFH (Association Francophone de Haïku) à Paris en novembre dernier, nous invite à créer nos propres mots de saison ou kigo (季語), à partir du calendrier solaire et de ses divisions.

En Occident, notre calendrier comprend 52 semaines de 7 jours chacune. Pour les poètes japonais, l'année est divisée en 72 périodes de cinq jours chacune.

Shokan Tadashi Kondo, initiateur de Renku Performance, explore les potentiels du renku dans le domaine artistique multi-media, est membre de Renku Association, fondateur et coordinateur de United Nations of Renku, et directeur de Isehara Renku Society. Il est également l'auteur de plusieurs ouvrages sur la poésie.

- Principles of Universal Haiku Grammar, sur le style et la poésie commune à tous les langages
- World Renku (poésie liée) sur les perspectives de la sémiotique internationale (language des signes)
- Link and Shift, sur les principes qui règle l'écriture du renku.

Ci-joint les textes en anglais de son émission radio et de sa conférence à Vadstena en Suède.

haiku_radio_7_juillet_2007  (Le 7 juillet au Japon est la fête de Tanabata (七夕), le jour où la princesse Irohime et son bouvier se retrouve enfin sur la voie lactée).

24_divisions du calendrier solaire

72_périodes

comment créer_72_périodes : sujet de la deuxième conférence européenne de Haiku à Vadstena (Suède), le 8-10 juin 2007.

3 juillet 2007

KAKASHI l'épouvantail

Au Japon, les traits du kakashi sont représentés par le henohenomoheji, soit sept hiragana (he, no, he, no, mo, he, ji), que les écoliers dessinent sur la tête de l'épouvantail. L'équivalent de la tête à toto chez nous.

Les sourcils : he + he (へ)
Les yeux : no + no  (の)
Le nez : mo (も)
La bouche : he (へ), d'où un visage peu souriant, triste, sombre, parfois peu sympathique.
Le contour : ji (じ)
L'oreille gauche est représentée par le dakuten ou diacritique du ji en forme de deux petits traits.

Le henohenomoheji est actuellement utilisé dans les mangas ou la culture pop et les dessins animés, etc.

  kakashi

Les poètes l'ont célébré maintes et maintes fois. Dans un ouvrage (L'épouvantail autoportrait, Moundarren 1999) qui lui est consacré, figurent les plus illustres. On lui prête une dimension humaine, alter ego du pauvre haïjin et on le plaint souvent.

BASHÔ (1644-1694)

かりてねむ案山子の神や夜半の霜
karite nemu / kakashi no kami ya / yowa no shimo

j’emprunterais bien pour dormir
sa veste à l’épouvantail
givre nocturne

BONCHÔ ((?-1714))

物の音一人たおるる案山子かな
mono no oto / hitori taoruru / kakashi kana

drôle de bruit
l'épouvantail
dégringole tout seul

BUSON (1716-1783)

傘とれて面目もなき案山子かな
kasa torete / menmoku mo naki / kakashi kana

il a perdu son chapeau
l’épouvantail
il a perdu la face

CHOI

秋風の 骨まで渡る案山子かな
akikaze no / hone made wataru / kakashi kana

le vent d'automne
le traverse jusqu’à l’os
l’épouvantail

HOKUCHI (1665-1718)

立ちながら往生申す案山子かな
tachi nagara / oujô mosu / kakashi kana

encore debout
résigné à mourir
ah ! L’épouvantail

henoheno5ISSA (1763-1827)

身の老や案山子の前も耻しき
mi no oi ya / kakashi no mae mo / hazukashiki

de mon vieux corps
même devant l’épouvantail
j’ai honte

我よりは若し案山子の影法師
ware yori ha / wakashi kakashi no / kagebôshi

plus jeune que moi
la silhouette
de l’épouvantail

jÔsÔ (1661-1704)

据風呂の下や案山子の身の終り
suefuro no / shitaya kakashi no / mi no owari

à chauffer la baignoire
se termine la vie
de l’épouvantail

KIKAKU (1661-1707)

冬来ては案山子にとまる烏かな
fuyu kite wa / kakashi ni tomaru / karasu kana

l’hiver arrive
sur l’épouvantail se perche
un corbeau

henohenoNYOFU

拵へし時から古き案山子かな
koshiraeshi / tokikara furuki / kakashi kana

à peine terminé
il est déjà vieux
l’épouvantail

OTSUYU (1675-1739)

秋ふけて木の葉衣の案山子かな
aki fukete / ki no ha koromo no / kakashi kana

au profond de l’automne
habillé de feuilles mortes
l’épouvantail

SAZANAMI

案山子から案山子へ渡る雀哉
kakashi kara / kakashi e wataru / suzume kana

d’épouvantail
en épouvantail volent
les moineaux

SEIBI (1748-1826)

雨降れば人によく似る案山子かな
ame fureba / hito ni yoku niru / kakashi kana

quand il pleut
il ressemble à un humain
l’épouvantail

SHIKI (1867-1902)

大水を踏みてたへたる案山子かな
ômizu o / fumiteta hetaru / kakashi kana

dans le champ inondé
il souffre mais tient bon
l'épouvantail

人に似て月夜の案山子あわれなり
hito ni nite / tsukiyo no kakashi / aware nari

semblable à un homme
l’épouvantail les nuits de lune
est bien misérable

SHÔHA (1727-1771)

夕日影道まで出づる案山子かな
yûhikage / michimade dezuru / kakashi kana

au soleil couchant
son ombre atteint la route
ah ! l’épouvantail

SHOSHU

薪ともならで朽ぬる案山子
takigi tomo / narade kuchinuru / kakashi

même pas bon à brûler
il est tout pourri
l’épouvantail

TAIGI (1709-1771)

吹倒す起す吹かるる案山子成
fukitaosu / okosu fukaruru / kakashi kana

renversé, redressé
renversé à nouveau
ah ! l’épouvantail

wikipediaYAGU

足下の豆盗まるる案山子かな
ashimoto no / mame nusumaruru / kakashi kana

à ses pieds
on vole les haricots
ah ! l’épouvantail

25 mai 2007

Anthologie de haïku - Roumanie 2007

anthologie_haiku

     Je suis très heureuse d'avoir participé à ce premier concours et de figurer parmi les gagnant(e)s, au côté de Yves Brillon et Michel Duflo. La récompense est l'édition trilingue (roumain, anglais, français) d'une anthologie internationale de haïkus, Cigales et Chrysanthèmes. Merci aux membres du jury et vive la Roumanie, un beau pays que je ne connais pas encore.

 

Section française

 

Premier Prix- Fleur DAUGEY - France

 

Poussière d'Afrique
un enfant au grand sourire
nounours sans tête

Praf de Africa
un copil numai zâmbet
pãpusã fãrã cap

Second Prix- Michel DUFLO - France

Saint-Valentin -
dans la poubelle de ma rue
un bouquet de fleurs
Sfântul Valentin-
în pubela din stradã
un buchet de flori

Troisième Prix- Ban’ya NATSUISHI - Japon

Le mot "Hiroshima"
pèse-t-il plus lourd
qu'un papillon ?
Mai greu e oare
cuvânul Hirosima
decât un flutur?

Mention- Yves BRILLON - Canada

nuit froide d'hiver -
dans les branches du vieux chêne
la lune captive
noapte de iarnã-
bãtrânul stejar tine
luna captiva

Mention- Nekojita - France

des lauriers blancs
bordent l'oued asséché
un petit âne brait
oleandri albi
mãrginesc valea seacã
zbiarã-un mãgãrus

Mention- Verica ZIVCOVIC - Serbie

Lune à minuit-
l'éclat des pommes givrées
sur la branche nue.
Luna-n miez de noapte-
mere brumate lucind
pe ramul gol
14 mai 2007

Le petit Nicolas

semp_001
"  Devant une telle évidence, la vie danse... " - neko, mémoire de chat -

*

devant l'évidence
les yeux de neko brillent
re-connaissance

L'homme s'émerveille d'augmenter son degré de connaissance, en même temps que sa conscience s'éveille. Mais, rien là que de très naturel. L'animal, lui, connaît déjà son maître. A-t-il besoin de le reconnaître ?

Toute la vie est faite de cette inconscience qui affleure au niveau conscient, de ces instants connus mais oubliés, puis reconnus. Sempé illustre magnifiquement l'esprit du haïku, ce moment fugitif, éphémère, aussitôt oublié, qui renaît plus tard sous un autre éclairage. Un petit bijou, une perle à conserver dans l'écrin de sa mémoire.

Publicité
CHICHINPUIPUI
Publicité
Visiteurs
Depuis la création 151 009
Newsletter
2 abonnés
Publicité