Eiffel scintille
Eiffel scintille
à l'ombre des pyramides
la jeune pie
que les bibliothécaires lisent
à yeux ouverts
dépose une brindille
aussi longue qu'elle
au creux de l'arbre
apprentie sage
d'un nouveau nid
elle s'envole
vers une nouvelle acquisition
pour sa maison
laissant le regard vide
初恋や
灯籠によする
顔と顔
hatsukoi ya / tôrô ni yosuru / kao to kao
premier amour
près de la lanterne
visage contre visage
Poèmes de tous les jours - Anthologie proposée et commentée par Ôoka Makoto, trad. par Yves-Marie Allioux (Ed. Picquier, 1995).
針に糸を
通しあへず
青空を見る
hari ni ito o / tôshi aezu / aosora o miru
impossible d'enfiler
le fil dans l'aiguille
je contemple le ciel bleu
Sur le même thème : le chas trop petit
Avoir tout dit
et ne plus rien dire
Accéder enfin au chant
par le pur silence
T'ouvrant là
sans retenue
À l'appel d'un geai
Aux cris des cigales
Au pin jailli de toi
te brisant les entrailles
Sous le ciel uni
Qu'effleure seul
un nuage
* A l'orient de tout (Poésie/Gallimard 2005)
ISBN 2-07-030720-4
Mieux vaut se coudre les mains
que de rire aux anges
Mieux vaut changer de montre
que de hurler à la lune
Le grand jeu, Benjamin Péret
première pluie
la terre sèche se nourrit
de sa présence
~
la pluie
éclairée par l'orage
paillettes du soir
~
les gouttières
se mettent à chanter
toilette du soir
今はとて
わが身時雨に
ふりぬれば
ことの葉さへに
うつろひにけり
ima ha tote
waga mi shigure ni
furinureba
koto no ha sahe ni
utsurohinikeri
à présent c'est fini
la pluie d'automne
tombe sur moi
et même vos paroles
n'y changeront rien
Ono no Komachi (809-900)
秋霧の
晴るる時なき
心には
立ちゐのそらも
思ほえなくに
akigiri no
haruru toki naki
kokoro ni ha
tachi wi no sora mo
omohoenaku ni
mon cœur
est comme le ciel
couvert du brouillard d'automne
qui ne se lève jamais.
Je ne puis penser.
Oshikôshi no Mitsune (898-922), un des 36 poètes immortels.
plaques de glace
la voisine en béquilles
accompagnée
~
grand écart
au-dessus du filet de glace
l'acrobate
sapin allumé
le jour de l'an plus gris
que l'an dernier
~
côte à côte
les deux calendriers
l'un perd un trois