triste printemps - 春かなし
triste printemps
la brise soulève les jupes
des abat-jours
ou
la brise soulève
les jupes des abat-jours
triste printemps
春かなし harukanashi = mot de saison
triste printemps
la brise soulève les jupes
des abat-jours
ou
la brise soulève
les jupes des abat-jours
triste printemps
春かなし harukanashi = mot de saison
きさらぎの一夜で濡るる桐の幹
kisaragi no ichiya de nururu kiri no miki
mois du printemps
une seule nuit pour mouiller
le tronc des paulownias
ちらちらと空を梅ちり二月尽
chirachira to sora o ume chiri nigatsu jin
ça et là les pruniers
par poignées dans le ciel
le deuxième mois expire
les pleurs de l’enfant
échappent au ballon bleu
caprices de l’air
鴨が日に上るを見てり石に坐し
kamo ga hi ni noboru o miteri ishi ni zashi
remontée de canards (au soleil)
c’est tout ce que je regarde
assise sur une pierre
kigo original : 魚が氷に上る
dans le bassin vide
les canards attendent
la montée des eaux
canards
dans les allées
avec la pluie
桐の木に諸鳥こぞる雨水かな
kiri no ki ni shiotori kozoru usui kana
pluie bienvenue
les oiseaux ruissellent
sous le paulownia
Philippe Forest écrit :
[…] Une deuxième idée fausse concerne l’isolement total qui entourerait le haïku. Elle tient à la manière dont ces poèmes nous parviennent le plus souvent en Occident, cités solitairement ou bien recueillis dans des anthologies qui effacent tout du contexte dans lequel ces textes furent originellement insérés1. Le lecteur occidental s’imagine ainsi que le haïku se suffit à lui-même, qu’il ne se rapporte à rien qui lui soit extérieur. Il en déduit qu’il est solidaire d’une esthétique obsidionale de l’expression littéraire. Rien n’est plus erroné également. Au lieu d’opposer prose et poésie, la littérature japonaise les conçoit ensemble. La prose intègre en elle-même le poème qui le suspend. Le poème appelle à lui la prose qui l’enveloppe. […]
Plus loin, il ajoute […] Pour ma part, je ne connais qu’un écrivain occidental à l’avoir compris et avoir produit dans l’une de nos langues quelque chose qui s’en approche. Il s’agit de Jack Kerouac dans The Dharma Bums.
1. référence aux journaux poétiques de Bashô et Issa : Oku no hosomichi pour Bashô et Ora ga haru pour Issa.
Éditions Cécile Defaut, 2008. ISBN 978-2-35018-0668-7
de Iida Dakotsu 飯田 蛇笏 (1885-1962) :
春めきてものの果てなる空の色
haru mekite mono no hate naru sora no iro
avant-goût de printemps
et l'azur
devient possible