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CHICHINPUIPUI
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basho
29 novembre 2007

我 WARE-WA- MOI JE MON

Pourquoi dit-on que, dans le haïku, il ne faut pas employer la première personne "je" ou "moi" ? Les haïjins expriment leur ressenti.

AWANO

かん烏
に聞かせし
似非人語

kangarasu
ware ni kikaseshi
ese jingo

un corbeau dans la bise
m'a raconté
des balivernes

BASHO

涼しさを
が宿にして
ねまるなり

suzushisa o
waga yado ni shite
nemaru nari

dans cette fraîcheur
me voilà comme chez moi
en habit de nuit me prélasse

BUSON

温泉の底に
足見ゆる
けさの秋

onsen no soko ni
ware ashi miyuru
kesa no aki

au fond de la source chaude
je vois mes pieds
matin d'automne

CHIYO-JO

雪を
水にうつして
にらみけり

ware yuki o
mizu ni utsushite
nirami keri

sous la neige
mon reflet dans l'eau
j'observe attentivement

HOSAI

井戸の暗さに
が顔を見出す

ido no kurasa ni
waga kao o midasu

dans l'obscurité du puits
je reconnais mon visage

ISSA

時鳥
が身ばかりに
降る雨か

hototogisu
wagami bakari ni
furu ame ka

petit coucou
serais-je le seul sur qui
tombe, tombe la pluie

KATO

蟻殺す
を三人の子
に見られぬ

ari korosu
ware o sannin no ko
ni mirarenu

j'écrase une fourmi
et c'est moi que mes trois enfants
regardent

RYOKAN

萩すすき
が行く道の
しるべせよ

hagi susuki
waga yuku michi no
shirubeseyo

trèfle et herbe d’automne
tout le long de mon chemin
pourtant familier !

SANTOKA

蝿を打ち蚊を打ちを打ち

hae o uchi ka o uchi ware o uchi

Je frappe les mouches
je frappe les moustiques
je me frappe moi-même

(un de mes préférés)

SEISHI

春潮や
が総身に
船の汽笛

shunchō ya
waga sōmi ni
fune no kiteki

marée printanière
mon corps entier transpercé
par la sirène du bateau

SHIKI

秋風や
生きて相る
汝と

akikaze ya
ikite aimiru
nare to ware

Ah le vent d’automne
nous voir ensemble et toujours
vivants toi et moi

SOSEKI

蛍狩
われを小川に
落しけり

hotaru gari
ware o kogawa ni
otoshi keri

chasse aux lucioles
me fait tomber
dans le ruisseau

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4 novembre 2007

Bashô à Kyôto rêvant de Kyoto

家はみな白髪に杖や墓参り

ke wa mina / shiraga ni tsue ya / hakamairi

toute la famille
têtes blanches et cannes
se rend au cimetière

13 octobre 2007

YUME 夢 Le rêve de Bashô

Pour le gardien du bazar, voici quelques rêves nippons pas toujours fripons...

Bashô no yume

たこ壷や
はかなき夢を
夏の月

tako tsubo ya
hakanaki yume o
natsu no tsuki

des pieuvres dans les jarres
les
rêves fugitifs
sous la lune d'été [A Kyoto rêvant de Kyoto]

-

旅に病んで
夢は枯野を
かけめぐる

tabi ni yande
yume wa kareno o
kake meguru

malade en voyage
mes
rêves parcourent seuls
les champs désolés [Cent onze haïku de Bashô]

-

夏草や
兵どもが
夢の跡

natsu kusa ya
tsuwamono domo ga
yume no ato

dans les herbes folles
épave
d'un songe
l'ombre des guerriers

[Avec Bashô, sur le chemin étroit du nord profond]

12 octobre 2007

Bashô à Kyoto rêvant de Kyoto

菊の香や
庭に切れたる
復の底

kiku no ka ya
niwa ni kiretaru
mata no soko

dans le jardin
le parfum des chrysanthèmes
et une semelle usée

4 octobre 2007

KOKORO 心

La question est de savoir si le poète (haïjin) exprime ses sentiments explicitement dans un haïku. J'ai relevé quelques exemples où le mot cœur (kokoro en japonais) apparaît. Chez Bashô, c'est très rare et moins rare chez Santoka.

Arô (1879-1951)

漕ぎ出て 遠き心や 虫の声
kogidatete / tooki kokoro ya / mushi no koe

partant en barque
un cœur qui s'éloigne
le chant des insectes

Awano (1899-1992)

髪洗う すなわち 心洗いたく
kami arau / sunawachi kokoro / araitaku

Je me lave les cheveux
c'est-à-dire
que je me lave l'âme

春惜しむ 心比すれば 老にけり
haru oshimu / kokoro hisureba / oini keri

En secret
le printemps me manque
je vieillis

Bashô (1644-1694)

住つかぬ 旅のこ々ろや 置炬燵
sumitsukanu / tabi no kokoro ya / okigotatsu

fixé nulle part
et mon cœur errant aussi —
kotatsu mobile !

義朝の 心に似たり 秋の風
yoshitomo no / kokoro ni nitari / aki no kaze

au cœur de Yoshitomo
semblable
le vent d'automne

野ざらしを 心に風の しむ身哉
nozarashi o / kokoro ni kaze no / shimu mikana

résigné à mourir de froid
comment le vent
me traverse !

Buson (1716-1783)

裾に置きて 心に遠き 火桶かな
suso ni okite / kokoro ni tôki / hioke kana

Au bas de ma robe
Et pourtant loin de mon cœur
Ah ! le brasero

冬籠 心の奥の よしの山
fuyugomori / kokoro no ôku no / yoshino yama

retiré l’hiver
mais le cœur plein
du mont Yoshino

我園の まくおも盗 こころ哉
agaen no / maku omo nusumu / kokoro kana

dans mon jardin
cueillant un melon
j'ai l'impression de le voler

春や 重たき琵琶の 抱心
yukuharu ya / omotaki biwa no / dakigokoro

départ du printemps -
lourd le biwa
pour ce cœur qui le serre

裾に置て 心に遠き 火桶かな
susoni oite / kokoroni tooki / hioke kana

près des pieds
loin du coeur
le brasero

Chiyo-ni (1703-1775)

かけたらぬ 女心や 土用干
kaketaranu / onnagokoro ya / doyôboshi

jamais éteint
mon cœur de femme
j’aère mes vêtements

Hisajo (1890-1946)

春の陽に 心踊りて 襟掛けぬ
haru no hi ni / kokoro odorite / eri kakenu

lumière de printemps -
mon cœur danse en choisissant
le col de mon kimono

貧しき群れに 落ちし心や 百合にはず
mazushiki mureni / ochishi kokoro ya / yurini hazu

dans l’horrible foule
mon cœur s’est brisé
à la vue des lys innocents

Issa (1763-1827)

何もないが 心安なよ 涼しさよ
nanimo nai ga / kokoro yasunayo / suzushisa yo

Ne possédant rien
comme mon cœur est léger
comme l’air est frais

Mizuhara (1892-1981)

鰯雲 心の波の すえ消えて
iwashi-gumo / kokoro no nami no / sue kiete

Passe un banc de nuages
la houle de mon cœur
va expirant

青春の 過ぎにし心 苺食う
seishun no / suginishi kokoro / ichigo kuu

Printemps de ma vie
dépassé
je croque une fraise

Santoka (1882-1940)

心むなしく あらなみの よせてはかえし
kokoro munashiku aranamino yosetewa kaeshi

Le cœur vide
les vagues furieuses
m’assaillent, se retirent

蜻蛉去れば 蜂が来る事務 静心
tonbo sareba / hachi ga kuru jimu / shizugokoro

Une libellule part,
une abeille arrive à mon bureau
le cœur serein

こころおちつけば 水の音
kokoro ochitsukeba / mizu no oto

Mon cœur s’est calmé le bruit de l’eau

心疲れて 山が海が 美しあぎる
kokoro tsukarete yamaga umiga utsukushi agiru

Le cœur las
montagnes et mers
magnifiques

Shiki (1867-1902)

暑乱くるし 乱れ心や 雷をきく
atsukurushi / madare kokoro ya / rai o kiku

la chaleur est suffocante
le cœur agité
j'écoute le tonnerre

野分の夜 文読む心 定らず
nowaki no yo / fumiyomu kokoro / sadarazu

tempête d'automne
la nuit je lis un livre
le cœur agité

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3 juillet 2007

KAKASHI l'épouvantail

Au Japon, les traits du kakashi sont représentés par le henohenomoheji, soit sept hiragana (he, no, he, no, mo, he, ji), que les écoliers dessinent sur la tête de l'épouvantail. L'équivalent de la tête à toto chez nous.

Les sourcils : he + he (へ)
Les yeux : no + no  (の)
Le nez : mo (も)
La bouche : he (へ), d'où un visage peu souriant, triste, sombre, parfois peu sympathique.
Le contour : ji (じ)
L'oreille gauche est représentée par le dakuten ou diacritique du ji en forme de deux petits traits.

Le henohenomoheji est actuellement utilisé dans les mangas ou la culture pop et les dessins animés, etc.

  kakashi

Les poètes l'ont célébré maintes et maintes fois. Dans un ouvrage (L'épouvantail autoportrait, Moundarren 1999) qui lui est consacré, figurent les plus illustres. On lui prête une dimension humaine, alter ego du pauvre haïjin et on le plaint souvent.

BASHÔ (1644-1694)

かりてねむ案山子の神や夜半の霜
karite nemu / kakashi no kami ya / yowa no shimo

j’emprunterais bien pour dormir
sa veste à l’épouvantail
givre nocturne

BONCHÔ ((?-1714))

物の音一人たおるる案山子かな
mono no oto / hitori taoruru / kakashi kana

drôle de bruit
l'épouvantail
dégringole tout seul

BUSON (1716-1783)

傘とれて面目もなき案山子かな
kasa torete / menmoku mo naki / kakashi kana

il a perdu son chapeau
l’épouvantail
il a perdu la face

CHOI

秋風の 骨まで渡る案山子かな
akikaze no / hone made wataru / kakashi kana

le vent d'automne
le traverse jusqu’à l’os
l’épouvantail

HOKUCHI (1665-1718)

立ちながら往生申す案山子かな
tachi nagara / oujô mosu / kakashi kana

encore debout
résigné à mourir
ah ! L’épouvantail

henoheno5ISSA (1763-1827)

身の老や案山子の前も耻しき
mi no oi ya / kakashi no mae mo / hazukashiki

de mon vieux corps
même devant l’épouvantail
j’ai honte

我よりは若し案山子の影法師
ware yori ha / wakashi kakashi no / kagebôshi

plus jeune que moi
la silhouette
de l’épouvantail

jÔsÔ (1661-1704)

据風呂の下や案山子の身の終り
suefuro no / shitaya kakashi no / mi no owari

à chauffer la baignoire
se termine la vie
de l’épouvantail

KIKAKU (1661-1707)

冬来ては案山子にとまる烏かな
fuyu kite wa / kakashi ni tomaru / karasu kana

l’hiver arrive
sur l’épouvantail se perche
un corbeau

henohenoNYOFU

拵へし時から古き案山子かな
koshiraeshi / tokikara furuki / kakashi kana

à peine terminé
il est déjà vieux
l’épouvantail

OTSUYU (1675-1739)

秋ふけて木の葉衣の案山子かな
aki fukete / ki no ha koromo no / kakashi kana

au profond de l’automne
habillé de feuilles mortes
l’épouvantail

SAZANAMI

案山子から案山子へ渡る雀哉
kakashi kara / kakashi e wataru / suzume kana

d’épouvantail
en épouvantail volent
les moineaux

SEIBI (1748-1826)

雨降れば人によく似る案山子かな
ame fureba / hito ni yoku niru / kakashi kana

quand il pleut
il ressemble à un humain
l’épouvantail

SHIKI (1867-1902)

大水を踏みてたへたる案山子かな
ômizu o / fumiteta hetaru / kakashi kana

dans le champ inondé
il souffre mais tient bon
l'épouvantail

人に似て月夜の案山子あわれなり
hito ni nite / tsukiyo no kakashi / aware nari

semblable à un homme
l’épouvantail les nuits de lune
est bien misérable

SHÔHA (1727-1771)

夕日影道まで出づる案山子かな
yûhikage / michimade dezuru / kakashi kana

au soleil couchant
son ombre atteint la route
ah ! l’épouvantail

SHOSHU

薪ともならで朽ぬる案山子
takigi tomo / narade kuchinuru / kakashi

même pas bon à brûler
il est tout pourri
l’épouvantail

TAIGI (1709-1771)

吹倒す起す吹かるる案山子成
fukitaosu / okosu fukaruru / kakashi kana

renversé, redressé
renversé à nouveau
ah ! l’épouvantail

wikipediaYAGU

足下の豆盗まるる案山子かな
ashimoto no / mame nusumaruru / kakashi kana

à ses pieds
on vole les haricots
ah ! l’épouvantail

4 mai 2007

Deutzie, deutzia gracilis

DEUTZIEArbuste de la famille des Hydrangeacées (Hortensia, Hydrangée) d’origine japonaise. Son nom, deutzia, vient du botaniste hollandais Johann van der Deutz (18e siècle) qui l’a introduit en Occident. "gracilis" traduit comme "gracieux" ou "mince", se rapporte aux tiges minces. Fleur d'été.

En japonais :
空木 (うつぎ)
UTSUGI
卯の花(うのはな)
U NO HANA
雪見草(ゆきみぐさ)YUKIMIGUSA

Matsuo Bashô

梅恋ひて
卯の花拝む
涙かな

ume koite / u no hana ogamu / namida kana

c'est avec des fleurs de deutzies
hélas que je pleure
l'ami des pruniers

*

Kawaï Sora

卯の花を
かざしに関の
晴れ着かな

u no hana o / kazashi ni seki no / haregi kana

tenue d'apparat
pour passer la barrière
sur nos chapeaux des fleurs de deutzie

*

Natsume Sôseki

卯の花や
盆に奉捨を
のせてでる

u no hana ya / bon* ni hôsha o / nosete deru

ah ! les deutzies
je sors en offrir
un vase plein

*bon = fête des morts, a lieu en juillet.

28 février 2007

LA VIOLETTE : SUMIRE

Viola odorata, la violette odorante, au subtil parfum et à la délicatre robe, fleur tendre de mon enfance.

Chaque printemps, je la retrouvais avec bonheur, fidèle au rendez-vous, redécouvrais cette odeur si exquise qui flattait mes petites narines. J'attendais sa venue avec impatience. Tous les matins, je me levais à la fraîche pour la voir éclore un peu plus. Raffinée, elle ne se dévoilait pas tout de suite la discrète. Quand elle était prête, je la cueillais, ne pouvant résister à son charme. Dans son bel écrin, un joli vase cloisonné, qui trônait sur la table du salon, hélas, elle ne résistait pas longtemps. Vague souvenir, vague de plaisir, sur ses ondes parfumées vogue mon cœur.

la violette-
en respirant son parfum
désir de cueillette

Ce qui explique le choix de ce jour : la violette célébrée au Japon.

de Bashô

山路来て 何やらゆかし すみれ草
yamaji kite / naniyara yukashi / sumiregusa

sentier de montagne
violette - un charme
venu on ne sait d'où

*

de Ryôkan

あげ巻の 昔をしのぶ すみれ草
agemaki no / mukashi o shinobu / sumire sô

tendre souvenir :
la coiffure des enfants –
violettes en fleur

*

de Chiyojo

駈出る 駒も足嗅ぐ すみれかな
kakederu / koma mo hashi kagu / sumire kasa

les chevaux après le galop
reniflent leurs pattes
Ah ! les violettes

*

うつむいた 所が台や すみれ草
utsumuita / tokoroga dai ya / sumiregusa

tête baissée
sur l’autel du bouddha
les violettes

*

根を付て 女子の欲や すみれ草
ne o tsuite/ onnago no yoku ya/ sumire kusa

désir de femme
profondément enraciné
les violettes

*

de Naojo

la cueillir quel dommage !
la laisser quel dommage !
Ah cette violette !

17 février 2007

Le maître est parti cueillir des herbes

Le maître est parti cueillir des herbes (Moundarren, 2001). Cette phrase simple pour exprimer l'absence de la personne que l'on vient visiter m'inspire une certaine quiétude de l'homme face à la nature. L'important n'est pas de voir le maître, mais de savoir qu'il est là, en harmonie avec son environnement.

Ce recueil de poètes chinois est la source même du haïkaï qui a inspiré les Japonais.

Bashô inscrivit sur le portrait du célèbre Chuang Tzu :

もろこしの俳諧とはん飛ぶ小蝶
morokoshi no / haïkaï to han / tobu kochô

à propos du haïkaï de Chine
j'interroge
le petit papillon qui voltige

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

de Wang Wei (701-761)

tout le long du chemin
le parfum
du printemps

de Li Po (701-762) suçons la substantifique moëlle :

allègre
dégagé des affaires du monde
ici, enfin libre

on s'affaire
on s'affaire
pour chercher quoi au juste ?

je danse
en me mesurant
au soleil couchant

la tristesse du voyageur
dans la coupe
soudain se dissipe

de Han Shan (8e s.)

à contempler le vide
s'épanouit
le silence

de Wu Yong (9e s.)

dans la cour
des fleurs sont tombées
l'ombre des arbres s'est déplacée

de Hsiu Tao yong (9e s.)

le vin m'a donné soif
j'ai très envie
de thé

de Liu Pan (1023-1089)

sur les feuilles des lotus
le bruit
de dix mille gouttes

etc.
La sagesse chinoise relève aussi d'un certain épicurisme... le poète reste indifférent aux affaires des hommes et se plonge dans la contemplation de la nature, bien plus importante à ses yeux.

 


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