Les coquelicots
les coquelicots
sous les feux de la rampe
nuit froide
LE MOUTON
Nous étions tous accroupis regardant
un mouton immobile en train d’être tondu
les grandes cisailles par moments blessaient sa peau
« je lui passerai de la pommade » dit grand-père
sur la blessure il appliqua un baume rouge
grand-mère nous annonça
« ce seront vos chaussettes »
bientôt
les fibres grossières devinrent
pelote brillante et rebondie
elle nous tricota des chaussettes
des chandails aussi
par-ci par-là des brins de paille y étaient mêlés
nous interrompions nos jeux
pour ôter la paille de nos chaussettes
grand-mère en retirait aussi de notre dos
« la laine n’est pas peignée il en reste encore »
cela ne nous grattait pas mais nous allions trouver grand-mère
elle nous caressait le dos et nous courions dans la neige
les moutons qu’elle caressait aussi couraient avec nous
poème extrait de La terre – Une âme qui joue (VI)
Une poétesse pleine de délicatesse, traduite du japonais par Véronique Brindeau, aux éditions Caractères, 2012 (édition bilingue). ISBN - 978-2-85446-497-9
Une belle révision poétique de la géométrie dans l’espace :
TRIANGLES RONDS, TRIANGLES CARRÉS
Suspendues à l’angle des auvents
des protections contre les voitures
triangles jaunes
triangles bleus
se balançant
comme des fruits
un perroquet sans âge présente ses saluts
triangles ronds
triangles carrés
chaque matin dansent en l’entendant
« Bonjour ! Bonjour !
Ravi d’avoir fait votre connaissance ! »
dans la ville aux toitures basses
le bibliothécaire ambulant
le marchand de poissons rouges
tout un chacun
prête attention à l’angle des toits de tuile
les triangles protecteurs aiment bien les gens
poème extrait de La mer - Une âme gui joue (V)
Un petit recueil de poèmes courts (éditions Henry, 2010) qui voyagent d’un jour à l’autre, d'un pays à l’autre.
SBN 978-2-917698-61-7
Mes coups de cœur :
Dans la rue
un jean s’en va
remuant la nuit
Au bout de la rue
une maison passe entre les maisons
c’est le grand ferry
La nuit la ville
restées seules
l’une avec l’autre
Raturant la lumière
le corbeau
pris dans son vol
Sur les talus
les genêts
affolent la lumière
S’embrassant
de vieux visages
renversés d’un autre amour
etc.
Haikus du temps présent, de Mayuzumi Madoka
Présentation, choix et traduction de Corinne Atlan
Editions Philippe Picquier - Collection Japon
184 pages / 17,50 € / ISBN : 2.8097.0318.4
http://www.editions-picquier.fr/medias/cat_1328880433_1.pdf
Le Japon des éditions Philippe Picquier
"Si l’émerveillement devant la nature est un sentiment partagé par toutes les cultures, l’esthétique japonaise a pour singularité de s’identifier avec elle. Le haiku, forme poétique la plus brève au monde, rend compte du lien ancestral des Japonais avec les différentes saisons et tout ce qui leur est associé : plantes, animaux, activités humaines. »
Mayuzumi Madoka
Le goût des haïku
Textes choisis et présentés par Franck Médioni
Mercure de France, 2012
Format : 10,0 x 16,0 cm
ISBN 978-2-7152-3268-6
De l’ordinaire extraire l’extraordinaire. Telle est la force du poème court japonais, le haïku, considéré comme la forme littéraire zen par excellence. Il met en œuvre le satori – suspension du temps –, il saisit le merveilleux tapi au cœur de l’ordinaire, l’absolu au cœur du relatif, le sacré au cœur du banal. Une émotion, une intuition, un sentiment, une perception au sommet d’une montagne, dans un jardin, en pleine tempête ou au coin de la rue ; dans sa fugacité même, un instant est saisi au vol. Selon Bashô, grand maître du haïku, « c’est simplement ce qui arrive en tel lieu, à tel moment ». Balade poétique en compagnie de Bashô, Issa, Buson, Ryokan, Shiki, Santoka, Sôseki, Ueshima Onitsura, Fukyo Matoa, Satomura Shôba, Jack Kerouac, Allen Ginsberg, Richard Brautigan, Benjamin Péret, Kenneth White, Louis Calaferte, Zéno Bianu, Tomas Tranströmer et bien d’autres…
Haïkus des quatre saisons
Estampes d'Hokusai
Le Seuil, 2010
Format : 13,0 x 19,0 cm
ISBN 9782021022933
Traduit par Roger Munier
Le haïku, poème constitué d'une brève suite de mots de trois vers, ne ressemble à aucun autre genre poétique. Il s'est épanoui au Japon au XVIIème siècle et nous plonge, au même titre que les autres arts de ce pays, comme la calligraphie ou celui du jardin, dans une expérience spirituelle aussi simple qu'intense. Ces Haïkus des quatre saisons nous entraînent dans une rêverie soutenue par les illustrations d’Hokusaï, l'un des maîtres de l'estampe japonaise, choisies pour accompagner chaque texte et qui favorisent le surgissement des images poétiques.
Bashô Seigneur ermite.
L'intégrale des haïkus
La Table ronde, 2012
Format : 14,0 x 20,5 cm - 480 pages
ISBN 9782710369158 Code sodis : I23266
Dominique Chipot, Makoto Kemmoku
Traduit du japonais :
Fils de samouraï, Basho (1644-1694) a vécu de son art et pour son art, dans un dénuement choisi. À l'âge de treize ans, il apprend d'un maître du haïku les rudiments du genre, puis fonde à Edo (l'actuelle Tokyo) l'école de Shomon. Le Maître partage alors son existence entre de longues pérégrinations qui inspirent son œuvre (Ma vie de voyageur / le va-et-vient / d'un paysan labourant la rizière) et d'austères séjours dans des ermitages. Il meurt à Osaka le 12 octobre 1694, après avoir confié à ses disciples, de crainte qu'ils n'enferment le haïku dans des règles trop rigides : «La fleur du haïkaï est dans la nouveauté.»
Les herbes m'appellent
L'iroli, 2012. Format : 14,0 x 21,5 cm - 340 g - 240 pages
ISBN 978-2-916616-22-3
Haïkus (bilingues français-japonais) de Niji FUYUNO et Ryu YOTSUYA Préface et essais de Thierry CAZALS Niji Fuyuno (1943-2002), poète et peintre japonaise fut la créatrice de la revue Mushimegane avec son mari Ryu Yotsuya (1958).
Thierry Cazals, poète contemporain français, a rencontré et échangé une correspondance avec le couple.
Ses essais L'arc-en-ciel sur la balançoire (hommage à Niji) et Quand les ombres s'approchent pour chanter (sur les haïkus de Ryu) apportent un éclairage sur ces haïkus très modernes que les auteurs ont eux-mêmes traduits en français.