ce matin
ce matin
sur le tapis rouge
jusqu’à sa limite
je me suis sentie
la plus importante
avant que la chapelle
ne sonne l’heure
des brebis égarées
© nekojita
ce matin
sur le tapis rouge
jusqu’à sa limite
je me suis sentie
la plus importante
avant que la chapelle
ne sonne l’heure
des brebis égarées
© nekojita
22°C, la température idéale pour aller déjeuner au jardin du Luxembourg. Installée à l'ombre du parrotia, un magnifique poste d'observation pour regarder le massif de tulipes rose foncé et rose pâle entourant le poète Verlaine. Deux fillettes en tresse, l'une rose, l'autre bleue, courent sur la pelouse parsemée de pâquerettes.
deux petites nattes
joutent avec les branches
de cerisier
Le merle perché sur une branche du parrotia s'élance vers les tulipes, suivi de près par la merlette. Puis il revient et se met à chanter et siffler juste au-dessus de moi, arrêté net dans son élan par l'apparition d'une corneille, l'ombre au tableau.
du parrotia
aux tulipes le merle
et sa merlette
~
première loge
le merle franc-maçon
chante et siffle
~
la corneille
le chant du merle reprend
à son départ
Ma voisine apeurée par un insecte puant que si on l'écrase.
la punaise
sur le vert tendre
inodore
Lorsqu'un enfant-trappeur arrive avec sa carabine et vise les gens du voisinage. – Ça devient dangereux, dis-je, mi-plaisantant mi-sérieuse et je m’en vais. La mère me dit : ce n’est pas dangereux. – Désolée, mais je n’aime pas les armes quelles qu’elles soient.
visée par l’enfant
à la carabine
l’heure du départ
À la sortie du jardin, les travailleurs permanents continuent de s'activer sur les parterres floraux.
les genouillères
du jardinier
sur le gravier
De retour au bureau, fenêtre ouverte, je continue à percevoir les bruits du printemps.
passage
entre les cascades
résurgence
~
pourquoi le soleil
ne fait pas plouf dans l'eau
avec la grenouille
~
5mn d'avance
les pics des toits
en ombres chinoises
~
carillons
celui de l'Auxerrois
puis de l'Institut
~
le vélo
fait trembler
les planches
Seine occultée
passage des wagons
sur la péniche
~
cris d'animal
l'homme sur la margelle
rit tout seul
~
quadrillé
le flot continue
de couler
~
kikiriki
le chant du coq
magnétique
~
les aiguilles
presqu'à angle droit
milieu du pont
~
le carillon
en écho sur l'autre rive
moteur sourd
~
laisse en main
son scottish blanc délaissé
près du peuplier
Seulement l'écho, anthologie de haïkus francophones
sous la direction de Dominique Chipot
Illustrations de Manda
Éditions de la Part Commune, 2010.
ISBN- 978-2-84418-209-8
Cet ouvrage, à peine sorti des presses, voyage depuis le 15 décembre sur les routes de France et de Navarre sans arriver à destination. Chaque jour proscratiné me fait penser qu'il porte en lui son titre, une arlésienne qui se fait beaucoup désirer. La faute à qui ? la poste gratinée... Un cadeau de Noël, de Pâques ou de la Trinité... Patience !
les mots résonnent
se rendre à la raison
seulement l'écho
matin glabre
les carillons de l'église
cristallins
~
depuis longtemps
le carillon de neuf heures
un son oublié
~
matérialité
de l’espace invisible
les carillons
place Bellecour
le vieux lion bronzé
au pied levé
~
rues de Lyon
sur les pas de mes parents
décalage
~
boulevard des Belges
le platane perd une feuille
l'âme de ma mère
~
balade d'été
le parc de la tête d'or
ouvre ses bogues
~
écartement
les deux corps à l'ombre
s'éloignent
~
bord du Rhône
l'Hôtel-Dieu éclairé
nuit douce
~
Saint-Jean
les cloches lointaines
de ma naissance
~
mairie du 5e
les coques de paulownia
immatriculées
~
quatre heures
les automates de l'horloge
saluent mon entrée