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CHICHINPUIPUI
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poesie
29 février 2008

OOKA Makoto* : L'écriture et la vie 文と人生

L'écriture et la vie

文と人生
Bun to jinsei

Pour bien écrire il faut
des virgules
des points
des parenthèses
des guillemets
qu'on notera soigneusement sans se tromper

          Voilà ce qu'on m'a appris quand j'étais petit

Or quand on y songe la vie elle-même est faite
de virgules
de points
de points de suspension
de souvenirs qu'on emballe dans des parenthèses pour les jeter à la poubelle
et d'années qu'on voudrait flanquer de la mention « à supprimer »
et de jours qui se      changeant
d'eux-mêmes      en virgules
passent leur vie recroquevillés

Dans ma jeunesse
J'ai appris d'un poète d'Europe**
cette phrase qui s'est gravée dans mon esprit

« Vieillir      c'est organiser
Sa jeunesse au cours des ans »

Or ce cher poète français lui aussi
fut bien forcé de ponctuer
sa propre vie à l'aide de points et de virgules
Goutte de pluie = !
Goutte au nez = ?
Guillemets = « »
Toute sa vie il vécut
en les tenant à pleines brassées
Tel était le sens de sa poésie

          Mais les deux vers que je viens d'évoquer
          aussi tranchants et droits qu'une feuille d'acore
          m'ont percé le crâne de part en part
          sans ponctuation aucune

Point de suspension au chef craintivement baissé
Virgule assise en tailleur d'un air convaincu
Chacune de ces expressions m'accompagne
          d'aujourd'hui à demain
                  d'aujourd'hui à hier
dans l'incessant va-et-vient      qui compose ma vie

Et parfois je me fais cette injonction

          « Prends soin d'organiser      ta jeunesse
           Cours d'une traite vers la disparition
            à travers la multitude des heures et des jours et des ans

            Et puis      surtout

           ne cherche jamais au grand jamais
           à recouvrer ta jeunesse ! »

OOKA Makoto*, né en 1931, est l'un des poètes les plus féconds et les plus admirés au Japon. Il se distancie de la poésie japonaise classique (tanka et haïku) pour écrire en vers libres. Ce poème tiré du recueil " Qu'est-ce que la poésie ? " (shi to wa nanika, 1985) figure dans l'ouvrage Citadelle de Lumière, Anthologie personnelles de poèmes 1956-1997, traduit du japonais par Dominique Palmé, aux éditions Philippe Picquier, 2002)
* makoto en japonais signifie vérité.
** La citation est de Paul Eluard.

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14 février 2008

Satori d'octobre, de Marcel Peltier

Marcel n’est plus à présenter dans le monde de la poésie et du haïku. Il écrit depuis si longtemps que son cheminement l’a amené vers le silence. Ses mots sont des espaces-temps dans lesquels le lecteur met sa vie et son expérience. Les images fortes de ses non-dits nous réunissent dans l’homme universel.

Paradoxe : des mots pour mieux ressentir le silence : le sien le nôtre.

La plupart de ses écrits sont édités chez Chloé des Lys.

Cet ouvrage, hommage à Kerouac, est divisé en trois fractions de temps : avant pendant après son séjour à la mer.

Sur la table de chevet

Alcools

-

Châteaux de sable

flux et reflux

-

En conclusion :

Le silence

vient petit à petit

une voie qu’il poursuit avec bonheur.

Beaucoup d’émotions contenues et une écriture à découvrir pour ceux qui ne le connaissent pas.

Bibliographie :

L’éphémère vérité, 2000 – L'arbre à paroles
La vie ordinaire, 2003 – Éditions Chloé de Lys
Le carré rouge, 2003 – Gril
50 épices sur la langue d’un chat noir, 2004 – Éditions Chloé de Lys 
Senryûs du silence, 2006 – Éditions Chloé de Lys

Satori d’octobre, 2007 – Éditions Chloé de Lys

Pièges à poésie, 2008 – Éditions Chloé de Lys

Vous pouvez le retrouver aussi sur Critiques libres.

17 février 2007

Le maître est parti cueillir des herbes

Le maître est parti cueillir des herbes (Moundarren, 2001). Cette phrase simple pour exprimer l'absence de la personne que l'on vient visiter m'inspire une certaine quiétude de l'homme face à la nature. L'important n'est pas de voir le maître, mais de savoir qu'il est là, en harmonie avec son environnement.

Ce recueil de poètes chinois est la source même du haïkaï qui a inspiré les Japonais.

Bashô inscrivit sur le portrait du célèbre Chuang Tzu :

もろこしの俳諧とはん飛ぶ小蝶
morokoshi no / haïkaï to han / tobu kochô

à propos du haïkaï de Chine
j'interroge
le petit papillon qui voltige

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

de Wang Wei (701-761)

tout le long du chemin
le parfum
du printemps

de Li Po (701-762) suçons la substantifique moëlle :

allègre
dégagé des affaires du monde
ici, enfin libre

on s'affaire
on s'affaire
pour chercher quoi au juste ?

je danse
en me mesurant
au soleil couchant

la tristesse du voyageur
dans la coupe
soudain se dissipe

de Han Shan (8e s.)

à contempler le vide
s'épanouit
le silence

de Wu Yong (9e s.)

dans la cour
des fleurs sont tombées
l'ombre des arbres s'est déplacée

de Hsiu Tao yong (9e s.)

le vin m'a donné soif
j'ai très envie
de thé

de Liu Pan (1023-1089)

sur les feuilles des lotus
le bruit
de dix mille gouttes

etc.
La sagesse chinoise relève aussi d'un certain épicurisme... le poète reste indifférent aux affaires des hommes et se plonge dans la contemplation de la nature, bien plus importante à ses yeux.

 


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