Garden II, 句集 庭 de Yuko Otomo
地を起こし貝のごとくに日向ぼこ
chi o okoshi kai no gotoku ni hinata boko
en retournant la terre
nous prenons le soleil
comme des coquillages
...
柔き春鳥に言葉で語りかけ
yawarakaki harutori ni kotoba de katari kake
tendre printemps
je parle aux oiseaux
avec des mots
...
緑風の中を泳いで昼寝か
midori kaze no naka o oyoide hirune kana
dans ma sieste
je nage dans la brise
à travers les arbres
...
この河とあの河越える風雲や
kono kawa to ano kawa koeru fûun ya
vents et nuages
traversent cette rivière
et plus
...
田園も都市もつまりは風の中
denen mo toshi mo tsumari wa kaze no naka
après tout
et la campagne et la ville
sont dans le vent
...
影長し松毬は無言なり
kage nagashi matsumari wa mugon nari
ombre longue
la pomme de pin
ne dit pas un mot
Garden, de Yuko Otomo (traduit de l'anglais par Nicole Peyrafitte)
Garden, 句集 庭
水滴ひとつふたつがひとつになり
mizu shizuku hitotsu futatsu ga hitotsu ni nari
ah gouttes d'eau
une et deux s'unissent
...
芋の皮剥いて万有に趣く
imo no kawa muite banyû ni omomuku
je pèle des patates
je touche
mille choses
...
無為無策月に誘われ月を見る
mui museku tsuki ni sasoware tsuki o miru
ne rien faire
appelée par la lune
je la regarde
...
碓かなる梨の重さや小雨降る
tashikanaru nashi no omosa ya kosame furu*
la certitude du poids d'une poire
une averse légère
...
言葉より林檎香るや夜の部屋
kotoba yori ringo kaoru ya yoru no heya*
chambre nocturne
l'odeur de pommes
vient des mots
...
冬一番日中当てなく捜し物
fuyu ichiban nicchu atenaku sagashi mono
première rafale d'hiver
journée sans but
je cherche quelque chose
* à remarquer en japonais, les assonances et allitérations.
Garden, de Yuko Otomo (traduit de l'anglais par Nicole Peyrafitte)
À fleur de silence
L'hiver dans la rade
les voiliers disparaissent
morte saison.
...
Dans la rue déserte
le staccato des talons
nuit d'infortune.
...
Le vent suspendu
aux arbres écartelés
gréement de fortune.
...
D'une frêle souris
le chat ne fit qu'une bouchée
le crime parfait.
...
Sous l'abribus
des bouteilles à ses pieds
la vie d'un homme.
À fleur de silence, de Chantal Couliou, illustré par Nelly Buret (Soc & Foc 2007).
sur son trente et un
sur son trente et un
le dernier jour de l'an
passe en premier
Seulement l'écho (La part commune, 2010).
Seulement l'écho
Seulement l'écho, anthologie de haïkus francophones
sous la direction de Dominique Chipot
Illustrations de Manda
Éditions de la Part Commune, 2010.
ISBN- 978-2-84418-209-8
Cet ouvrage, à peine sorti des presses, voyage depuis le 15 décembre sur les routes de France et de Navarre sans arriver à destination. Chaque jour proscratiné me fait penser qu'il porte en lui son titre, une arlésienne qui se fait beaucoup désirer. La faute à qui ? la poste gratinée... Un cadeau de Noël, de Pâques ou de la Trinité... Patience !
les mots résonnent
se rendre à la raison
seulement l'écho
Haïkaï de Basho et de ses disciples
Haïkaï de Basho et de ses disciples / Basho Matsuo ; trad. de Kuni Matsuo, Steinilber-Oberlin ; ill. de Foujita. - Institut international de coopération intellectuelle, 1936.
Le pet
Le pet (おなら onara ou 屁 he en japonais), mot de saison d'hiver créé par Kikaku, est l'objet d'un passe-temps durant la longue saison de réclusion.
On le retrouve chez Issa, en toutes saisons. Mais il est clair que ce thème n'apparaît que peu dans le haïku, mais plutôt dans le senryû et les kokkei. Glanés par-ci par-là :
de Issa :
馬の屁に目覚めて見れば飛ぶほたる
uma no he ni mezamete mireba tobu hotaru
d’un pet de cheval
tiré du sommeil j’ai vu
des lucioles en vol
~
垣外へ屁を捨てに出る夜寒哉
kakisoto e he wo sutenideru yosamu kana
par delà la haie
sors me décharger d'un pet
au froid de la nuit
~
虫の屁を指して笑ひ仏哉
mushi no he wo yubisashite warai botoke kana
pet de bombardier*
que montre du doigt
le Bouddha rieur
~
長の日や沈香も焚かず屁もひらず
naga no hi ya jinkô mo takazu he mo hirazu
longue journée -
rien à faire que brûler de l'encens
ou péter
~
屁くらべが又始るぞ冬篭
he kurabe ga mata hajimaru zo fuyugomori
les concours de pet
s'en vont donc recommencer
repos hivernal
~
月涼し水面ぷくっと河童の屁
tsuki suzushi suimen bukutto kappa no he
lune froide -
des bulles d'eau à la surface
le pet d'un lutin
~
de Sôin :
我が親の死ぬる時にも屁をこきて
waga oya no shinuru toki ni mo he o kokite
juste avant sa mort
mon père
pète encore
de Fukushima Seigi 福島せいぎ:
みどり子のおならめでたし初笑ひ
midorigo no onara medetashi hatsuwarai
le pet de l’enfant son premier sourire rayonnant
* bombardier : insecte
Hashimoto TAKAKO 1899-1963
雪烈抱かれて息のつまりしこと
yuki hageshi dakarete iki no tsumarishi koto
tourmente de neige
jadis je suffoquais dans ses bras
Commentaire de Ôoka Makoto :
« Takako s'initia au haïku auprès de Sugita Hisajo, puis devint l'élève de Yamaguchi Seishi. Elle saisit toujours avec une rare justesse les élans et les oscillations de la sensibilité féminine. La rigueur avec laquelle elle pénètre la réalité en s'en tenant strictement aux faits, la richesse de ses moyens d'expression, en font sans doute une des meilleures femmes poètes de l'époque moderne. Elle n'avait pas encore quarante ans que son mari la précédait dans la mort. Aussi consacra-t-elle de nombreux vers à sa mémoire, dont certains, comme celui que nous présentons ici, sont de purs chefs-d'œuvre. En contemplant la neige qui ne cesse de tomber à gros flocons, lui revient, comme ressuscité par la nature, le souvenir d'un instant où son mari l'avait étreinte, si fort qu'elle avait cru s'évanouir. »
Poèmes de tous les jours (Picquier poche 1995).
Joie charmante
早乙女に足あらはるる嬉しさよ
saotome ni / ashi arawaruru / ureshisa yo
joie charmante !
De jeunes planteuses de riz
lavent mes pieds !
Haïku du jour
Sur le site italien cascinamacondo, le haïku du jour de nekojita nekojita.
scalo di fiori
il ciuffo di soffione
nato dal beton
escale de fleurs
la touffe de pissenlit
sortie du béton