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CHICHINPUIPUI
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24 janvier 2007

Ishikawa Takuboku (1886-1912) - Fumées

Les textes ci-dessous sont extraits de 一握の砂Ichiaku no suna (Une poignée de sable), son premier grand recueil, dont kemuri (fumées) est la deuxième partie (éditions Arfuyen).

 

kemuri

 

Comme une douleur
revient un jour le souvenir du pays
tristes les fumées qui montent dans le ciel

 

*
La fumée s'élève dans l'azur
tristemetn s'éloigne
si semblable à moi

 

*
Joie, l'eau ruisselle de la pompe
un bref instant
je vois l'élan de ma jeunesse

 

*
Si tristesse
est la saveur des choses
je l'ai trop tôt goûtée

 

*
Quand tombaient les fleurs
j'étais le premier à sortir
vêtu de blanc

 

*
Ces livres qu'alors nous aimions tant
pour la plupart
ont cessé d'être lus

 

*

Comme une pierre
dévale la pente
je suis arrivé à ce jour-ci

 

*
Les yeux de l'enfant mélancolique
étaient pleins d'envie
pour le vol et le chant de l'oiseau

 

*
Il venait à ma rencontre
se frayant un chemin à travers la foule
avec son bon vieux bâton

 

*
Dès le réveil la tristesse
- mon sommeil
n'est plus paisible comme autrefois

 

*

 

Les rêves de ma femme
n'étaient autrefois que de musique
aujourd'hui elle ne chante plus

 

*

Comme cerf-volant au fil coupé
l'allégresse de mes jeunes années
s'en est allée au vent

 

*
La balle
que j'avais lancée sur el toit de l'école
qu'est-elle devenue

 

*

 

Cette pierre
au bord du chemin de mon pays
cette année encore l'herbe a dû la recouvrir

 

*
La petie musique du marchand ambulant
comme si je pouvais recueillir
ma jeunesse perdue

 

*
La douleur de quitter le pays
comme chassé à coups de pierres
jamais ne s'effacera

 

*
Le vert tendre des saules
en amont de la rivière
je le vois comme à travers des larmes

 

*
L'ample veste à fleurs rouges
je la revois encore
l'amour de mes six ans

 

*
La pluie tombe sur la ville
je me souviens des gouttes
sur les fleurs violettes des pommes de terre

 

*
Je n'ai pas oublié
dans le jardin sous la lune pâle
les blanches azalées cueillies

 

*
Je me suis tourné vers la montagne
sans un mot
les montagnes du pays sont admirables

 

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24 janvier 2007

Ishikawa Takuboku (1886-1912) - Ceux que l'on oublie difficilement

 

Les textes ci-dessous sont extraits de 一握の砂 Ichiaku no suna (Une poignée de sable), son premier grand recueil, dont 忘れ難き人々 Wasuregataki hitobito (ceux que l’on oublie difficilement) est la quatrième partie(éditions Arfuyen). Beaucoup de nostalgie...

 

忘れ難き人々 Wasuregataki hitobito

 

J'ai compté les années d'espérance
et je fixe mes doigts
je suis fatigué du voyage

 

*
Une enseignante

sur les lunettes un reflet
si triste

 

*
Matin après matin mon réveil

joue une ritournelle chinoise que j'aime bien
quelle pitié

 

*
Tellement amaigri

ton corps ne semble plus
qu'un bloc de révolte

 

*
La glace scintillante

un pluvier chante
- lune d'hiver sur la mer de Kushito

 

*
Au-dessus du feu
une bouteille d'encre gelée

des larmes coulent sur al braise

 

*
Le rire d'une femme

tout à coup me transperça
une nuit de saké froid dans la cuisine

 

*

Triste
l'empreinte de ce baiser
joyau blanc sur le bras

 

*
Dans la baie sans vagues en février

peint de blanc
un navire étranger s'avançait doucement

 

*
Dans un vieux carnet rouge

restent écrits
le lieu et l'heure de notre rencontre

 

*
Une pensée

semblable au sentiment
de socquettes sales qu'on remet

 

*
Cette femme qui pleurait dans ma chambre
était-elle souvenir d'un roman

ou de l'un de mes jours

 

*
Ces sombres prunelles

qui du monde ne buvaient que clarté
je les revois encore

 

*
Ces paroles précieuses

que je n'ai jamais dites
restent dans ma poitrine

 

*
Dans la rue une silhouette qui te ressemblait

et mon coeur s'est réjoui
Quelle tristesse à cette pensée

 

*
Une fois encore si j'entendais cette voix

totalement alors
ma poitrine s'allégerait

 

*
Parfois je pense à toi

tristesse de ce paisible coeur
qui soudain s'agite

 

*
Les années se sont amassées

depuis notre séparation
Combien tu m'es devenue chère

24 janvier 2007

Ishikawa Takuboku (1886-1912) - L'amour de moi

Les textes ci-dessous sont extraits de 一握の砂 Ichiaku no suna (Une poignée de sable), son premier grand recueil, dont 我を愛する歌 Ware o aisuru uta (L’amour de moi) est la première partie, kemuri (fumées) la deuxièmeet 忘れ難き人々 Wasuregataki hitobito (ceux que l’on oublie difficilement), la quatrième (éditions Arfuyen).

 

Fidèle au tanka, Takuboku a inventé une sorte de « journal du mental » où il note, toutes ses perceptions et pensées les plus ténues. Toute son œuvre, marquée par ce mélange de provocation et d’autodérision, le fait considérer comme un grand poète chez les Japonais. Mort à 26 ans de la tuberculose.

 

 

我を愛する歌 Ware o aisuru uta

 

Il m’a tendu une poignée de sable
les joues baignées de larmes
je ne l’oublierai pas

 

*

 

sous mes doigts qui creusaient
le sable de la dune
la rouille d’un pistolet

 

*

 

un morceau de bois échoué au pied de la dune
un coup d’œil alentour
j’essaie de lui dire quelques mots

 

*

 

tristesse de ce sable sans vie
à peine on desserre les doigts
et il s’écoule

 

*

 

doucement
les grains de sable recueillent mes larmes
si lourdes

 

*

 

une centaine de fois sur le sable
j’ai écrit le mot grand
j’ai renoncé à mourir et m’en suis retourné

 

*

 

d’un peu de terre et de salive
j’ai formé le visage de ma mère en pleurs
oh, cette tristesse

 

*

 

j’étais dans la pièce obscure
sur le mur les silhouettes
de mon père et de ma mère une canne à la main

 

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